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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/943

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brillant, mouvementé, rapide, tragique comme l’histoire même de ces courtes années. Nous assistons à l’arrivée triomphale aux Tuileries, aux cérémonies et fêtes somptueuses du mariage, aux joies de la lune de miel, aux assiduités de l’Empereur, qui « veut que le public ne puisse conserver aucun doute sur la légitimité de son fils, » à l’existence de Marie-Louise à Rambouillet, Saint-Cloud, Trianon, à ses voyages de Cherbourg, de Hollande et du Rhin, à ce voyage de Dresde, « le moment le plus brillant que Marie-Louise ait eu dans sa vie ; » au drame qui se joue, à l’instigation de l’impératrice Maria-Ludovica, dans le Palais, au milieu des fêtes répétées chaque soir, des parties de chasse, des banquets, des spectacles. Puis, après, le couronnement de Marie-Louise et le baptême du Prince Impérial, c’est la fin du rêve, le Concordat, la rétractation du Pape, la régence de Marie-Louise, le départ de l’Empereur pour l’armée. Le ciel s’assombrit, traversé parfois par l’éclair des victoires qui n’arrêtent pas la chute de l’Empire, l’abdication, la séparation, la fuite de Marie-Louise à Schœnbrunn, loin de l’austère devoir que le malheur faisait sacré. Le sujet ne pouvait être traité avec plus de largeur d’esprit que dans cet ouvrage, qui réunit tout ce qui peut captiver les yeux et où, à côté des portraits des personnages, les meilleurs exemplaires de l’art de l’Empire nous montrent l’élégance et le luxe de ce monde disparu.

Saint-Cloud ! que de souvenirs rappelle ce palais[1], qui vit la gloire et la ruine de l’Empire, où la fortune de Bonaparte prit naissance et fut consacrée, où la cour du Second Empire tenait annuellement ses États ; et qui s’écroula, dans l’incendie, avec la dynastie éphémère qui avait pris la place des rois ; — ces ombrages chers à la Princesse Palatine, et sous lesquels Marie-Antoinette donna audience à Mirabeau, ce parc où la Reine de France se mêlait aux jeux de la foule, où le Roi de Rome se promena sous les yeux de Napoléon, où le Duc de Bordeaux jouait avec son grand-père, le dernier roi de France ! En disant ce que fut ce palais où s’élevèrent et finirent les Bourbons et les Bonaparte, M. le comte Fleur y a ajouté un chapitre des plus intéressans à l’histoire des Châteaux royaux, qui est pour beaucoup d’entre eux l’histoire même de France.

La physionomie et les faits d’armes de ceux qui n’ont eu d’autre souci que de mettre leur épée et leur vie au service de leur pays ne seront jamais trop familiers, et l’on ne pourra trop multiplier les publications destinées à rappeler leur héroïsme.

  1. Le Palais de Saint-Cloud, par M. le comte Fleury, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Henri Laurens.