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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre.


La Chambre a enfin ouvert la discussion du budget de l’année prochaine : on commençait à en désespérer. La fonction essentielle des Chambres est de voter le budget : on les juge d’après la manière dont elles la remplissent. Il semblait qu’aujourd’hui la Chambre devait mettre un zèle particulier à s’en acquitter, puisqu’elle est à la veille des élections générales, qui seront pour un si grand nombre de ses membres le jugement dernier. Jamais pourtant elle ne s’y est montrée moins empressée. Nous avons assisté, à la fin des vacances parlementaires, à des escarmouches assez vives entre le ministère et la commission du budget, qui s’accusaient réciproquement, par la voie de la presse, de négligence ou de paresse dans leurs travaux. La commission déclarait qu’elle serait prête quand on voudrait, mais qu’elle avait besoin de recevoir un certain nombre de renseignemens que le ministère lui faisait attendre. Celui-ci, de son côté, accusait la commission de perdre son temps. Mais, en somme, il dépendait de lui seul de convoquer les Chambres pour la date qui lui conviendrait, et de mettre ainsi la commission en demeure d’achever la rédaction de ses rapports et d’en opérer le dépôt. La date de convocation a été tardive. La commission et le ministère se renvoyaient à qui mieux mieux la responsabilité d’un retard dont ils étaient coupables l’un et l’autre. Voilà comment la discussion du budget n’a commencé que le 2 décembre. Au surplus, beaucoup de gens n’en sont pas autrement émus. Nous avons une telle habitude des douzièmes provisoires, que nous commençons à ne plus nous en inquiéter. Et puis, on se demande ce que ferait la Chambre, en attendant sa séparation, si le budget était voté le 31 décembre. En proie à la tarentule électorale, il serait à craindre que ses gestes ne fussent un peu désordonnés.