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est plein de menaces. Vous avez la menace des dépenses nouvelles ; elles se défendent toutes par leur utilité, quelques-unes par leur nécessité. Vous avez le projet de loi que vous avez voté contre l’avis de M. le ministre des Finances, ce projet qui augmenterait la garantie d’intérêts en accordant des facilités ou des sécurités nouvelles aux ouvriers et employés des chemins de fer. Vous avez les augmentations des postes, et de toutes ces administrations qui frappent à la porte. Vous avez les instituteurs, à qui vous avez promis, à partir de 1903, parce que le budget de 1902 ne pouvait pas la supporter, une augmentation de traitement. Je ne conteste aucune de ces dépenses ; c’est leur chiffre qui m’inquiète. » Et, au-dessus de toutes ces menaces de dépenses, M. Ribot en a montré une dernière, la plus redoutable de toutes, celle qui proviendrait des retraites ouvrières, telles qu’elles ont été proposées dans un projet de loi dont la Chambre a commencé la discussion : il est vrai qu’elle s’y est arrêtée épouvantée. Cela n’empêchera pas huit candidats sur dix, sinon davantage, de promettre, aux élections prochaines, la réalisation de cette autre grande réforme. La Chambre future se débrouillera ensuite comme elle pourra.

Quant à la Chambre actuelle, ce sont là des vérités qui lui sont pénibles. elle ne veut pas les voir ; elle ne veut pas surtout qu’on les montre, parce que l’électeur pourrait en être ému et troublé au moment où elle va lui demander le renouvellement de sa confiance. Si elle avait voulu éclairer le pays, elle aurait voté l’affichage du discours de M. Ribot ; elle s’en est bien gardée, elle a voté celui du discours de M. Caillaux. Ah ! dit-on quelquefois, si les murs pouvaient parler ! Ils parlent, ils le font même très souvent ; mais on ne les croit plus, et c’est ailleurs que dans les affiches banales dont ils portent successivement l’empreinte qu’on va aujourd’hui chercher la vérité.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.