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LA
MANDCHOURIE RUSSE

Revenant de Sibérie dans les premiers jours du mois de novembre 1896, j’apportai à un journal français la surprenante nouvelle d’un accord russo-chinois relatif à la Mandchourie. Par malheur, la nouvelle était trop grave pour qu’un journal réputé « sérieux » osât l’imprimer, fût-ce sous toutes réserves, sans une estampille officielle ! Le directeur affirma qu’on m’avait ridiculement trompé, et se tint coi. Un peu plus tard, il publiait la nouvelle d’après un journal anglais. Le traité avait été signé le 27 août/ 8 septembre 1896 entre l’ambassadeur de Chine en Russie et la Direction de la Banque russo-chinoise ; il fut complété le 4/16 décembre suivant par un règlement relatif au chemin de fer. On sait les grandes lignes de l’accord. La Russie n’intervenait pas officiellement, mais était représentée par une Société par actions, la Compagnie du Chemin de fer Est-Chinois ; cette société acquérait de la Chine le droit d’établir en Mandchourie une voie ferrée permettant de relier, par un tracé plus direct que celui qui longeait l’Amour, la région du Baïkal à la côte du Pacifique. Un peu plus tard, le 15/27 mars 1898, la Compagnie obtenait de greffer sur la première ligne un embranchement gagnant Port-Arthur, qui venait d’être cédé en usufruit à la Russie. L’ensemble de ces deux lignes devait comporter