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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/212

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de la Liane, faisant pendant au port supérieur qui se trouvait au Nord ; mais il est probable qu’il y avait un petit havre de secours au Portel, paulo infra, comme le dit César ; et c’est là que vinrent se réfugier les deux navires de charge de sa flotte que le mauvais temps avait pousses sur la côte et qui ne purent regagner tout de suite le quartier général, qui était dans l’estuaire même du fleuve.

Le déplacement du port de Boulogne, descendant par étapes d’Isques, à la mer est donc, comme on le voit, tout à fait conforme à ce qu’on observe pour tous les ports océaniens ; et, sans remonter aux souvenirs de l’époque romaine, nous avons vu presque de nos jours la rapide éclosion du Havre à l’entrée de la Seine, celle plus récente de Saint-Nazaire à l’embouchure de la Loire, et nous assistons aujourd’hui au développement des appontemens de Pauillac en Gironde, à quelques kilomètres en aval de Bordeaux.


VII

Boulogne a donc commencé par être un port tout à fait intérieur ; mais les envasemens produits par les apports de la Liane ont limité peu à peu le mouillage à la partie comprise entre le faubourg de Brecquerecque sur la rive droite et celui de Capécure sur la rive gauche. A la fin du siècle dernier, ce mouillage était des plus médiocres. Le port déclinait tous les jours et aurait certainement fini par être à peu près abandonné, si on n’avait amélioré très sérieusement l’entrée du chenal en prolongeant ses deux estacades et en établissant une écluse de chasse qui projetait dans l’avant-port les eaux retenues de la Liane. Ces premiers travaux furent heureusement complétés par la construction de deux nouvelles jetées et d’un nouveau barrage écluse, destiné à augmenter la puissance des chasses, mais ils furent bientôt jugés insuffisans.

L’importance de Boulogne au point de vue de nos échanges et de nos relations avec tous les ports de la Manche et de l’Océan, les services d’un ordre plus élevé qu’il peut être appelé à rendre par suite de sa position en face de l’Angleterre ont depuis plus d’un siècle fait de la création, à l’embouchure même de la Liane, d’un grand établissement maritime à la fois entrepôt commercial, port de refuge et centre de ralliement pour nos escadres en cas d’éventualités toujours à prévoir, une question tout à fait nationale ; et trois programmes principaux ont été