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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/214

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de la profondeur ; mais son insuffisance est aujourd’hui reconnue, et on y supplée par le travail régulier de dragues puissantes dont les installations perfectionnées et le rendement continu assurent dans des conditions bien supérieures l’entretien de tous nos ports.

Une grande écluse de plus de 100 mètres de longueur et de 20 mètres de largeur met en communication l’avant-port avec un bassin à flot nouvellement construit de près de 7 hectares et d’une profondeur de 10 mètres, permettant par conséquent l’entrée et la sortie des plus gros steamers et présentant plus d’un kilomètre de quais munis de voies ferrées.

Ces installations ont permis de relever le port de Boulogne qui était, il y a trois quarts de siècle à peine, tombé au dernier rang. Mal entretenu, encombré par les sables, sans développement de quais suffisant, dépourvu encore de bassin à flot, il recevait à peine une cinquantaine de navires, de grand et de petit cabotage, dont le tonnage ne pouvait guère dépasser 200 à 300 tonneaux, et la décadence menaçait de s’accentuer. La transformation a marché très rapidement depuis une trentaine d’années. Les plus gros steamers peuvent s’engager aujourd’hui entre les deux jetées de la passe aux heures favorables de la marée, et le service des voyageurs et des marchandises de France en Angleterre, entre Boulogne et Folkestone et entre Boulogne et Londres par la Tamise, est un des plus actifs et des plus réguliers de tous ceux qui fonctionnent dans les ports de la Manche, de la mer du Nord et du Pas de Calais.

Le mouvement commercial s’est développé en même temps que le transit des voyageurs et suit une marche progressive très accentuée. Au commencement du siècle toutes nos relations étaient suspendues avec l’Angleterre, et Boulogne fut considéré un moment comme n’ayant d’autre intérêt que l’armement et la guerre. Le mouvement commercial était presque insignifiant ; il fit cependant quelques faibles progrès sous la Restauration, mais se chiffrait à peine par quelques milliers de tonneaux. En 1870, il atteignait 240 000 tonnes. Aujourd’hui il approche d’un million, et la valeur des marchandises dépasse un milliard : à l’exportation principalement des céréales, des fontes moulées, des tissus, des cimens ; à l’importation des bois de Suède et de Norvège, des minerais de fer de Bilbao et de Santander, des fontes brutes, des machines et surtout des charbons anglais.