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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/215

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Boulogne est, en outre, l’un des ports de pêche les plus actifs de la Manche, peut-être le premier. Près de 3 000 marins s’y embarquent sur 400 bateaux, les uns pour la grande pêche en Islande ou en Norvège, le plus grand nombre pour la pêche locale. Plus de 20 millions de kilogrammes de poisson sont livrés chaque année par le port de Boulogne, une faible partie pour Paris, presque tout manutentionné et préparé dans une cinquantaine de fabriques de salaisons. C’est à peu près le dixième de la consommation de toute la France[1].

La progression continue du commerce, les intérêts des pêcheurs qui sont la précieuse pépinière de nos marins de la flotte, et surtout l’excellente situation de Boulogne, à la fois voisin de la région industrielle du Nord de la France, en contact presque permanent avec l’Angleterre et la plupart des ports de la Manche et de la mer du Nord, assez bien abrité d’ailleurs par la pointe d’Alpreck contre les vents du Nord et du Nord-Est qui rendent la navigation quelquefois si difficile dans le Pas de Calais, très bien placé par conséquent pour recevoir les navires qui veulent gagner du temps et craignent de s’engager dans le détroit par une mer démontée ou des courans excessifs, ont été les causes déterminantes de la création du grand port extérieur en eau profonde.

Le but qu’on s’est proposé est donc multiple. C’est d’abord d’assurer un abri contre les tempêtes à la nombreuse flottille de bateaux qui se livrent à la pêche le long des côtes françaises de la Manche et de la mer du Nord et de procurer aux navires de l’État et du commerce, surpris par le mauvais temps à l’entrée et à la sortie du détroit, un refuge où ils puissent attendre les vents favorables pour continuer leur route. C’est ensuite d’améliorer les conditions d’accès du port intérieur en protégeant son entrée contre les violences de la houle qui vient du large et en permettant aux navires d’attendre en pleine sécurité l’heure de la marée la plus convenable. C’est, enfin, d’offrir un long développement de quais accostables à toute heure aux paquebots rapides qui transportent les voyageurs entre la France et l’Angleterre et à tous les steamers qui chargent ou débarquent des marchandises et mettent en communication régulière Boulogne et tous les ports voisins de France, d’Angleterre, de Belgique et de Hollande.

  1. Vivenot, Port de Boulogne et anse du Portel. — Ports maritime de France, 1874.