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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/241

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sont d’accord sur un point, à savoir que l’armée active doit avoir, en temps de paix, un effectif de 575 000 hommes. Dans son discours au Sénat, M. le général André a dit que l’effectif actuel était de 569 000 hommes et que, dès lors, il s’en contentait : pouvait-il demander au service de deux ans plus que ne donne le service de trois ? Il y aurait beaucoup à dire sur ce point. Ce n’est pas une raison parce que la loi actuelle, mal appliquée, ne fournit pas tout ce quon devait en attendre, de se résigner à n’avoir pas mieux. Ce n’est pas une raison non plus, parce que trois classes ne font pas 575 000 hommes, de se contenter de deux. Mais passons. Le problème que s’est posé le général André a été de trouver 569 000 hommes avec deux ans de service, c’est-à-dire avec deux classes : acceptons-le tel que, et demandons-nous s’il l’a résolu ?

Il commence par supprimer les dispenses sans aucune exception, et non pas seulement celles qui ont pour objet de favoriser soit la haute culture intellectuelle, soit le recrutement de certaines administrations ou fonctions publiques, mais encore celles qui se rapportent aux soutiens indispensables de famille. Tout le monde fera deux ans, et deux ans de die ad diem, sans congés, sans permissions d’aucune sorte. C’est la première condition : le général André ne cache pas qu’elle est indispensable. Cela fait, il a, comme il l’a dit lui-même, raclé tous les fonds de tiroir pour trouver quelques mille hommes parci, quelques mille autres par-là, empruntant des parcelles d’effectif tantôt aux musiques militaires, tantôt au contingent algérien qui, soumis au droit commun, fera désormais deux ans au lieu d’un, tantôt aux malingres des services auxiliaires, jusqu’ici dispensés de tout serice. Nous ne nions pas que, par ces procédés de haute pression administrative ou politique, M. le général André ne puisse se procurer quelques hommes de plus ; mais combien ? Ses calculs ont paru parfois arbitraires et même inexacts. Mais soit ! Après avoir réuni toutes ses broutilles et fait toutes ses additions, il reconnaît qu’il lui manquera encore 24 000 hommes. Comment se les procurer ? Par des rengagemens, il n’y a pas d’autre moyen. Dans tous les systèmes, le service de deux ans ne peut fonctionner qu’avec un nombre plus ou moins considérable de rengagemens. Les aura-t-on ? M. le général André a dit qu’il en était sûr autant qu’un homme peut être sur de quelque chose. Eh bien ! à notre avis, ce n’est pas encore assez. Quand il s’agit du recrutement de l’armée, une hypothèse, quelque vraisemblable qu’elle paraisse, ne nous suffit pas ; nous demandons une certitude, et c’est précisément cette certitude que nous