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tournée pour voir si les chandelles sont éteintes, le plaisir de m’entretenir avec vous me dédommage de tout, même de sommeil.

« Je vous dirai d’abord que nous avons été, hier, aux expériences physiques, pour apprendre, et que nous fûmes tous électrisés deux fois sans en ressentir aucun mal.

« J’ai acheté un petit cahier pour écrire toutes les dépenses que je fais le long du mois, afin d’en rendre compte à M. d’Arjuzon à qui j’ai remis 13 louis à garder, de peur d’être volé ; ici, je ne conserve qu’une faible somme avec moi, car le domestique a la clef de ma chambre et il y entre quand il veut pour la ranger. D’ailleurs, tranquillisez-vous, je ne manquerai jamais de rien, M. d’Arjuzon l’a dit, et quand même il n’aurait pas de mon argent. Chaque fois qu’il me voit, il me demande si je n’ai pas besoin de quelque chose, aussi je tâche de répondre de mon mieux à toutes ses politesses.

« Nous ne ressentons pas du tout le froid, car, bien que le collège compte trois cents pensionnaires, nous ne sommes que six dans ma classe, ce qui nous permet de nous chauffer à notre aise.

« Vous ai-je dit, à propos, que j’ai retrouvé des compatriotes : MM. de Charitte, de Pau, et Daguerre, de Bayonne ? »

À cette lettre était joint une sorte de prospectus imprimé : « L’état de la pension que je vous envoie complétera les renseignemens que je vous ai déjà donnés, quoiqu’il passe sous silence la moitié des choses, afin de ne pas épouvanter les gens, sans doute. »

Ce document a le mérite de nous initier à quelques us et coutumes que l’on ne retrouverait plus dans aucun collège de nos jours. En voici les points principaux :

1° La pension de chaque écolier en chambre commune ou quartier (y compris le chauffage, la chandelle, le perruquier, papier, plumes et encre ; le service, les étrennes du portier, du domestique du quartier et des garçons de réfectoire ; les bougies et le balayage des classes, le cierge de la Chandeleur et celui de la Fête-Dieu) est, par an, de 650 livres.

2° Chaque écolier paie 24 livres, en entrant au collège, pour droit de table, chaise, pupitre, chandelier, mouchettes, lingerie, etc.

3° Tous doivent avoir un lit complet de deux pieds et demi,