Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fréquent dans les collèges. Elle clôturait les études scolaires et remplissait à peu près le même rôle que le baccalauréat de nos jours.

Par la suite, Jean renonça à cette coûteuse satisfaction d’amour-propre qui ne devait lui être d’aucune utilité pour l’avenir. « Nous avons convenu que je ne soutiendrai pas ma thèse, écrit-il en novembre, n’y pensons plus, revenir là-dessus serait un très grand enfantillage de ma part, j’aurais l’air de ne pas faire le moindre cas des avis de M. d’Arjuzon après avoir été les lui demander ; ce serait donc lui manquer essentiellement, cela ne m’arrivera jamais, car vraiment il ne le mérite pas après toutes les bontés qu’il n’a cessé d’avoir pour moi. »

Après avoir hésité pendant quelque temps entre différentes carrières, le jeune d’Etchegoyen s’était décidé, sur le conseil de ses amis, à faire son droit à Paris, après quoi il reviendrait s’établir définitivement dans le Midi, auprès de sa tante : « La crainte de vous déplaire, lui dit-il, m’a fait prendre la résolution de revenir à Dax, une fois mon droit terminé. Je vous prierai alors de m’acheter une charge de conseiller ou de juge, suivant vos facultés, et là, installé près de vous, je mettrai tous mes soins à vous rendre la vie la plus agréable qui dépendra de moi. » Tante Mimi crut certainement entrevoir les joies du Paradis à la réception de cette lettre. Malheureusement ce bonheur devait se faire attendre longtemps encore, un étudiant en droit ne pouvaut prendre sa douzième et dernière inscription et prêter serment d’avocat qu’à la fin de sa troisième année d’études. « Je suis fâché, même plus que vous, répondit Poupon à ses doléances, de ne pouvoir tout terminer avant trois ans. Je vais prendre ma première inscription à la Saint-Martin, puis, l’année prochaine, quand j’aurai fini toutes mes classes, je me mettrai, si c’est de votre goût, chez un avocat ou un procureur pour suivre mes études de droit ; je profiterai plus ainsi qu’au collège. »

Tante Mimi adopta ce plan sans enthousiasme ; elle calcula ses ressources et se demanda, non sans inquiétude, si elle pourrait subvenir aux dépenses qu’entraînerait cette vie de Paris pendant plusieurs années encore ; mais son neveu, avec la belle insouciance de son âge, ne s’embarrassa pas pour si peu ; plein de confiance en lui-même, il leva sans le moindre effort toutes les difficultés.

« Si vous étiez à court d’argent, il faudrait ne rien vendre,