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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/446

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car je me trouvai placé à côté des ambassadeurs et pus les examiner à mon aise.

« Le 7, je fis quelques visites et, après un grand dîner, je pris, à 8 heures du soir, la diligence pour Dreux, où nous arrivâmes le lendemain matin, à huit heures. Là, je trouvai un domestique qui m’attendait avec un phaéton, et mon voyage s’acheva plus agréablement qu’il n’avait commencé dans cette diligence bourrée de voyageurs qui empestaient. Enfin, à neuf heures, j’eus la joie de revoir les hautes murailles du château de Louÿe. »


« Louÿe, 15 septembre. — Toujours des chasses, des dîners, des bals, des concerts, des comédies. Nous vendangeons demain, il y aura 250 vendangeurs, car les paroissiens vont chez le seigneur par corvée, sans quoi ils seraient à l’amende. »


« Louÿe, 22 octobre. — Aujourd’hui, nous avons été déjeuner au château d’Anet qui appartient au Duc de Penthièvre, et qui est à trois lieues de Louye : les bâtimens, les jardins, le parc, les eaux tout en est superbe. J’y ai fait la connaissance de M. le marquis de Ravenel, cousin germain de M. d’Arjuzon père, qui est premier gentilhomme du Duc. »

A partir de cette date, les lettres se font plus rares. On peut encore y voir cependant que, revenu de Louye, Jean rentra chez le procureur où il avait demeuré un an auparavant : « La pension se monte à 600 livres et encore le procureur, ainsi que c’est partout la coutume, ne nous nourrit pas les dimanches et fêtes. Le blanchissage me coûte plus de 100 livres, et l’habillement, avec le perruquier, plus de 600 ; encore je ne compte pas mille menus frais journaliers, j’entends le nécessaire, l’indispensable, car tout est cher et il faut toujours avoir l’argent à la main dans ce pays. »

À cette époque, « tante Mimi » ne paraît pas contente de son neveu, ni très convaincue de la modération de celui-ci.


« 23 avril 1789. — Vous semblez, ma chère tante, me soupçonner de faire mauvais usage de l’argent que vous avez la bonté de m’envoyer, de jouer, moi qui me prive de toutes les parties, autant que je le puis, dans la seule intention de vous satisfaire. Toujours, je réponds que je suis trop occupé pour sortir, mais