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s’effaçant juste à propos, le Fontenoy franchit lestement la coupure et, à 11 heures du matin, le voilà tenu le long du quai, à quatre aussières et deux chaînes. Avec cela, il peut venter !…

Eh bien ! nous y sommes, dans cet arsenal, nous y sommes… Et voici la planche à terre que les vétérans installent. Du coup, le capitaine d’armes se précipite et « pose » un factionnaire sur le quai, un vrai factionnaire, armé d’un mousquet, s’il vous plaît. Et tout le monde va déjeuner de bon appétit.

7 décembre. — Mais, voyons, qu’y a-t-il donc à faire à ce brave Fontenoy ? Des modifications aux grosses pièces, sans doute, car, à peine étions-nous à poste, hier, qu’une équipe d’ouvriers d’artillerie s’est présentée pour travailler dans nos tourelles… Dans nos tourelles, hélas !… Oh ! nos cuivres, nos bronzes polis, nos aciers étincelans, nos peintures d’émail, nos linoléums immaculés, finement bordés de laiton… Quel désastre ! Quel ravage !… Vous rappelez-vous, Noirmont, cette tranche de culasse qui semblait un miroir antique et où la gentille petite femme de Cozian, le chef de pièce, mirait en riant ses yeux bruns et sa coiffe à papillons blancs, le jour de la fête du Fontenoy ?

Enfin, que voulez-vous ?… Nous en serons quittes pour recommencer. Et si c’était tout ! Mais non : il y a le blockhaus ; le blockhaus, encore une de nos petites fiertés !… Voici précisément les ouvriers des constructions navales qui arrivent, ce matin, pour tout détruire. On veut l’agrandir, ce blockhaus cuirassé, poste du commandant pendant le combat, car, peu à peu, on y avait mis tant d’appareils nouveaux et tant de monde pour desservir ces appareils que le commandant lui-même ne savait plus où se tenir…

Et puis, quels travaux encore ?… Eh bien ! une foule d’améliorations que l’expérience de la navigation et des exercices de combat recommande : dalots de mer dans la batterie, appareils téléphoniques pour les communications, organismes de manœuvre à bras pour la barre, tuyautages d’eau et de vapeur (il y en avait pourtant beaucoup déjà !…)

Je ne dis rien des réparations périodiques et obligées, résultant de l’usure normale : calfatage du pont, remplacement du linoléum des plages ; retouches du gréement, des embarcations, du menu matériel d’armement ; visite et épreuves des chaudières, des machines, des munitions de combat… Enfin, et la plus