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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/858

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celle des mineurs de cinquante-cinq à soixante-quatre ans aurait été, en 1896, de 6.11 pour 100 ; mais, à soixante-cinq ans et au-dessus, la proportion était, en 1896, de 1.51 pour 100, comme elle était, en 1885, de 1.40 pour 100, de soixante et un à soixante-cinq ans : progrès imperceptible, si même il y a progrès, car la dernière statistique s’applique aux « mines et minières, » non pas seulement aux mines de houille ; et peut-être les données ne sont-elles pas rigoureusement comparables[1]. On a donc le droit d’ajouter : tels sont encore les chiffres, tels sont encore les faits, telles sont, exprimées par les chiffres, les conditions des faits, et telle est la condition qui domine et résume toutes les autres ; la mine ne garde guère, quand elle les garde, au-dessus de cinquante-cinq ans, que cinq ou six pour 100 de ses ouvriers ; souvent beaucoup moins, jamais plus[2]. Dans mes notes, prises sur place, je retrouve ces quelques lignes : « Le mineur de fond, qui descend comme gamin à l’âge légal, après 13 ans, et qui, de grade en grade, devient aide, puis ouvrier, est en général « usé » vers quarante-cinq ans. On peut accepter cet âge de quarante-cinq ans comme âge-limite du travail chez le mineur houilleur, bien que certains ouvriers l’atteignent et le dépassent, c’est-à-dire ici travaillent jusqu’à cinquante ans, cinquante-cinq ans et même au-dessus. Mais certains ouvriers seulement. »


II

A présent, pour savoir, — et sans doute il n’est pas inutile de le savoir, — si le métier de mineur « use » l’homme particulièrement vite, et, dans le cas où il en serait ainsi, avant d’en rechercher les causes et de dire pourquoi il est particulièrement dur, jetons un coup d’œil sur les chiffres par où s’expriment ces mêmes

  1. Résultats statistiques du recensement des industries et professions (dénombrement général de la population du 29 mars 1896), t. IV, Résultats généraux, 1901 ; p. XCII.
  2. C’est la même proportion, environ 5 pour 100 d’ouvriers de cinquante-cinq ans et plus, qui ressort des Observations présentées, au nom du Comité central des houillères de France, « la Commission d’assurance et de prévoyance sociales, le 26 novembre 1901, au sujet du projet de loi tendant à l’amélioration des retraites des ouvriers mineurs et de la proposition de loi de M. Odilon Barrot, tendant à modifier la loi du 29 juin 1894. — Décembre 1901. — Les chiffres absolus étaient 6904 ouvriers de cinquante-cinq ans et au-dessus, sur 143 549 mineurs dans les cinq bassins houillers du Nord et du Pas-de-Calais, de la Loire, du Gard et du Sud-Est, du Centre, et du Sud-Ouest.