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LA PAIX D’AMIENS

III[1]
COMMENT LA PAIX FUT APPLIQUÉE


I

Pour prolonger et exploiter la paix, la première opération consistait, la République italienne étant constituée, à étendre et consolider autant que possible les contreforts de la France en Allemagne. Il s’agissait de donner à l’acquisition de la rive gauche entière la garantie que Mazarin avait donnée à l’acquisition partielle, et de former sur la rive droite une nouvelle Ligue du Rhin. Le moyen était le même qu’après la paix de Westphalie, et le dessein en avait été conçu par le Comité de Salut public en même temps que celui de la conquête des limites naturelles. Bonaparte en commença l’exécution par une série de traités dont les principaux, le traité avec la Prusse, le traité avec la Ravière, furent signés au mois de mai 1802. La Bavière fut largement satisfaite, la Prusse comblée. L’Autriche, un peu plus tard, trouva ses convenances. Le Wurtemberg prit les siennes. La Russie, associée à l’opération, parut ainsi s’associer à la paix de Lunéville. L’Allemagne sortait de là singulièrement concentrée : plus de principautés ecclésiastiques, à peine quelques villes libres ; les territoires s’aggloméraient entre les mains de quelques princes laïques, et ces « nouveaux riches, » comme on

  1. Voyez la Revue du 1er  et du 15 août.