Phare, tu resplendis comme un cœur de lumière ;
Cherche bien : il est tant de cœurs enténébrés !
Le vent des océans chuchote une prière,
Ton message est si doux à ces désespérés !
Le front humain que touche un rayon se redresse,
Et du haut de ton cap il tombe une leçon
D’apostolat, d’amour, de bonté, de tendresse :
Sois fort contre la nuit qui monte à l’horizon !
Oh ! la beauté des feux espacés sur la mer,
Feux terrestres éclos sur une onde sereine,
Fanaux qui fleurissez la nuit l’espace amer,
Oh ! la beauté des feux espacés sur la mer !
La lune les préside en haut comme une reine ;
Ils s’allument en chœur au sein profond des eaux ;
Ils échancrent la nuit avec de clairs ciseaux ;
La lune les préside en haut comme une reine.
Des feux étincelans apparaissant le soir
Dans la pure beauté des nuits orientales
Avaient fleuri les cœurs d’un message d’espoir,
O feux étincelans et paisibles du soir !
Si j’en crois les récits des histoires fatales,
Ces feux pareils à vous promettaient le retour
D’Agamemnon qui fut la victime à son tour,
Si j’en crois les récits des histoires fatales.
Vous n’avez pas en vous moins de solennité ;
Le soir mystérieux, recueilli comme un temple,
S’est tu, pensif et doux, près de votre beauté ;
Vous n’avez pas en vous moins de solennité.
Que m’apportez-vous donc, à moi qui vous contemple,
Songeant à l’immortel reflet des feux éteints,
Ces feux multipliés des veilles aux matins,
Que m’apportez-vous donc, à moi qui vous contemple ?