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causes qu’il nous faudra rechercher, et qui ne sont peut-être pas toutes indépendantes de la volonté ou de la moralité de l’ouvrier lui-même, — lequel ne se fait sans doute pas à lui seul sa condition et la subit en partie, en majeure partie, si l’on y tient, comme tout homme, mais enfin, en partie aussi, se la fait, — pour des causes diverses, les unes qui lui sont extérieures et supérieures, les autres qui lui sont intimes et personnelles, l’ouvrier mineur, « généralement » et « en moyenne » est plutôt au-dessous qu’au-dessus de ses affaires. Ce n’est même pas assez dire : la très grosse majorité, la presque-unanimité des mineurs ont des dettes ou sont, en tout cas, sans économies. A B.-G… dans le Pas-de-Calais, on m’a cité, en sens contraire, quelques exemples nominatifs : le père D… qui posséderait une trentaine de mille francs ; un autre, qui en posséderait une quinzaine de mille ; mais ils sont très rares, ces capitalistes, et la preuve en est qu’on les cite, en les appelant par leur nom. (Au surplus, de l’aveu même des ingénieurs, les 30 000 francs du père D… proviendraient principalement du jardinage et les 15 000 francs de l’autre, soit de la culture, soit de je ne sais plus quelle profession ou métier supplémentaire.)

Pourquoi le mineur, en général, n’a pas d’économies, et pourquoi, au contraire, il a des dettes ; si c’est le salaire qui est trop faible pour la vie qui est trop chère, ou si c’est lui qui est incapable de régler sa vie d’après son salaire : en quoi, par conséquent, « la question sociale » est, pour le mineur, « une question morale, » voilà maintenant ce qu’il serait du plus haut intérêt de savoir, et ce que nous tâcherons d’apprendre en examinant une à une les circonstances du travail.


III

Il n’y a plus qu’à dire quelque chose du contrat de travail dans les mines de houille et il n’y a que fort peu de chose à en dire. La note par laquelle le service des mines au ministère des Travaux publics nous transmettait obligeamment les documens que nous avons donnés, commençait par poser en principe que « l’industrie des mines est, en France, au point de vue économique et notamment en ce qui concerne le contrat de travail, une industrie qui n’est soumise qu’aux règles du droit commun. » Ces règles de droit commun sont du reste brèves et sommaires :