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aplanirait bien des difficultés, supprimerait bien des obstacles. Ses apôtres le défendent avec vigueur et comptent bien que sa construction sera la première affirmation de l’ardente activité du XXe siècle[1]. » C’est par ces lignes que finit la longue relation de M. Foureau ; cela suffit à notre cause : il n’y a aucun obstacle naturel considérable à l’exécution de cette voie.

Au point de vue politique, stratégique, administratif, elle s’impose absolument à la France pour que son empire africain devienne une réalité et que ses divers tronçons ne risquent pas de se disperser et peut-être d’échoir en partie à des rivaux[2].

Quelles sont, au point de vue économique, les perspectives de cette grande œuvre, c’est ce que nous verrons dans une prochaine étude en prenant nos données, non seulement dans le vieil ouvrage, insurpassé, du grand voyageur Barth, toujours actuel, mais dans le journal de M. Foureau, dans le livre de M. Gentil, dans les relations aussi du capitaine Joalland, les trois derniers explorateurs de cette région célèbre. Contentons-nous aujourd’hui de dire que la région du Tchad, avec les inondations régulières du lac, s’é tendant sur une surface d’environ 20 000 kilomètres carrés, apparaît comme destinée à devenir l’une des grandes contrées du globe productrices de colon, valant, par exemple, le Turkestan ; et ce produit, avec d’autres que nous indiquerons encore, comme les peaux et dépouilles d’animaux, le bétail étant nombreux dans cette région, suffirait, en l’absence même de toute richesse minérale, à assurer au Transsaharien du Tchad un trafic se rapprochant de celui du Transcaspien, qui, on le sait, est considérable et très rémunérateur.


PAUL LEROY-BEAULIEU.

  1. Mission saharienne, p. 198.
  2. Voyez dans la Revue du 1er juillet 1899 notre étude sur Le Chemin de fer transsaharien.