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où se trouvent des centres permanens de population, habitant des villages ou des villes et se livrant, non seulement à l’élevage du bétail, mais à des cultures assez diversifiées.


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L’Aïr, qui s’étend entre le 19e degré et demi de latitude nord et le 16e et demi environ, embrassant ainsi en longueur près de trois degrés, se compose d’une série de vallées s’embranchant sur une haute colonne montagneuse, dont les sommets, d’après Barth, atteignent à 6 000 pieds ou près de 2 000 mètres. L’Aïr appartient-il au Soudan, qui lancerait ainsi une pointe avancée dans le désert ? Fait-il, au contraire, nettement partie du Sahara ? M. Foureau ne se lasse pas d’établir que c’est une contrée saharienne, et il serait oiseux d’y contredire. Ce qu’il suffit de retenir, c’est qu’elle diffère sensiblement des contrées situées entre Ouargla et le 19e degré et demi de latitude, et que, ni sous le rapport de la faune ou de la flore, ni sous celui des groupemens humains et des cultures, elle ne peut être, de fort loin, assimilée à un désert.

Barth, qui le parcourut en 1850 et 1851, a fait de l’Aïr une description, sinon enchanteresse, du moins très favorable : belles vallées vertes (schöne grüne Thäler) ; végétation luxuriante (üppige Vegetation), arbres gigantesques (Talhas con ungeheuer Grösse, et, plus loin, riesige Talhas) ; vallées riches en arbres, riches en pâturages ; vallées très boisées ; grands troupeaux de bœufs, de moutons et de chèvres (grosse Heerden von Rinden, Schaffen und Ziegen), abondance de chameaux, de gazelles, de singes, même de lions (zahlreiche Löwen) ; puits fréquens ; nombreuses pluies aussi, dont l’une transforme une vallée en un cours d’eau large de 1 000 mètres ; villages peu espacés ; ville importante, Agadez, ayant eu une population très considérable et en retenant une très notable encore ; cultures diversifiées ; habitans assez raffinés d’esprit et de manières : voilà le tableau que traçait de cette contrée le célèbre voyageur allemand ; et ce n’est pas seulement dans ses récits, c’est aussi dans les cartes très détaillées qui les accompagnent que se trouvent souvent répétées les conditions que nous venons de reproduire.

Les observations de M. Foureau contredisent-elles celles de Barth ? On l’a prétendu ; mais il faut une lecture bien