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potirons, on a offert aussi quelques œufs d’autruche frais. » On se croirait vraiment dans l’Arcadie des poètes ; la musique et les aubades, « tambours, clarinettes et trouvères » n’y manquent pas. Ces gens du Damergou ne sont pas des Touareg ; ils appartiennent, d’après M. Foureau, « à une race autochtone, mais qui s’est fortement hybridée depuis des siècles avec des races provenant d’ailleurs. Bien que noirs, il en est peu qui aient les caractères du nègre ; beaucoup, au contraire, présentent de beaux profils. En général leur air est aimable, leurs yeux très doux[1]. »

Les observations de M. Foureau ne démentent ainsi aucunement celles, si favorables, de Barth ; et, cependant, le Damergou, terre complètement française, d’après les traités, ne l’oublions pas, est le pays où vient expirer le Sahara et que nombre de gens, même instruits, confondent avec le désert.

Pour achever la physionomie de ces contrées au sud de l’Aïr, disons qu’on y traverse des affleuremens de roches ferrugineuses[2], ce qui n’a d’importance que comme indice qu’il peut se rencontrer dans ces immenses régions des gisemens de métaux divers, car les minerais de fer ont trop peu de valeur pour qu’on puisse les transporter à des milliers de kilomètres ; mais de riches minerais de cuivre, peut-être aussi de zinc et de plomb argentifère, si la dose d’argent y était assez forte, pourraient supporter ce transport ; or, tout témoigne, d’après les observations de Barth citées plus haut et d’après le grand usage que l’on fait du cuivre à Zinder, qu’il doit se trouver dans cette région d’importans gisemens de ce dernier métal.


III

Le Damergou conduit à la ville de Zinder ; on entre là vraiment dans le Soudan ; on est encore en terre française. On vient de voir que la route de l’Algérie à Zinder n’a rien de bien effrayant, qu’elle n’est désolée que sur la moindre partie de son étendue, qu’à des intervalles qui n’ont rien d’excessif, elle présente partout des points d’eau, des pâturages nombreux, du bois même, qu’enfin, à partir de l’Aïr, au-dessus du 19e degré, jusqu’au 14e où s’ouvre le Soudan proprement dit, il y a une

  1. Mission saharienne, p. 486 à 499.
  2. Ibid., p. 485.