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presque continuité de terres offrant, avec une population déjà sédentaire et une exploitation assez sérieuse du sol, de grandes « possibilités culturales. » L’insécurité seule, une insécurité terrible et de tous les instans, s’est opposée jusqu’ici à un plus ample développement de cette région.

Le Sahara n’est pas un but en soi, ce n’est qu’une route, mais une route des plus frayables et offrant des ressources latérales. L’Aïr et le Damergou, avec leur développement actuel et surtout leurs amples « possibilités, » sont des contrées ayant de la valeur par elles-mêmes, mais qui pourraient ne pas justifier l’établissement d’une voie ferrée de plus de 2 000 kilomètres. Le Soudan, au contraire, est un but et justifie largement une grande voie de communication de cette nature.

Sur Zinder et la contrée qui l’avoisine, ainsi que sur la région qui borde au nord-ouest, au nord et à l’est le lac Tchad, nous avons, outre les témoignages toujours précieux de Barth et de M. Foureau, un témoignage nouveau, celui du commandant Joalland, le chef de la mission de l’Afrique centrale, qui fut d’abord dirigée par Voulet et Chanoine. Avec le concours de ces observations diverses, on va pouvoir, malgré la guerre et la dévastation dont il a été l’objet, assez nettement juger le pays.

Barth, dont les voyages dans le centre de l’Afrique ont duré plus de cinq ans (1849 à 1855), a parcouru plusieurs fois le Soudan central. Il a notamment traversé tout le rectangle avancé de Zinder, qui constitue notre part, actuellement trop échancrée, du Soudan central à l’ouest du Tchad. Quoique nous ne soyons pas les mieux lotis dans cette région à l’ouest du fameux lac et que notre part soit loin d’y valoir celle de l’Angleterre et peut-être même celle de l’Allemagne, la lisière soudanaise assez étroite qui, de ce côté, nous est laissée (nous avons de vastes compensations à l’est et au sud du Tchad) ressort, d’après les descriptions du voyageur allemand, comme ayant une valeur sérieuse. L’ouvrage de Barth est rempli de cartes détaillées où chacun de ses voyages est esquissé avec des annotations nombreuses. Si l’on prend les cartes n° 1 et 2 du tome II contenant le tracé de son parcours de Katsena à Kouka par Zinder, on voit que le district de la ville de Tessaoua, qui avoisine l’extrémité à l’ouest de notre rectangle centre-soudanais, est marquée comme une région fertile (fruchtbare Gegend), que Zinder (alias, Sinder) est portée comme ayant 10 000 habitans et se trouvant au milieu