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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/138

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gisemens. Que le pays des environs de Zinder et dans l’Aïr soit très minéralisé, on en a un autre témoignage de la part d’un homme des plus compétens, M. Dorian, qui appartenait à une grande famille métallurgiste et qui accompagna le commandant Lamy dans une excursion vers Tessaoua : « Dorian a recueilli, au cours de cette tournée, de très intéressans échantillons de minerai de fer aux environs du village de Kantchi. Il me dit que, dans toute cette région, le minerai abonde ; qu’il y existe de nombreux emplacemens perforés de trous peu profonds, semblables à des puits, et d’où l’on extrait le minerai. Les indigènes le fondent dans des sortes de hauts fourneaux en forme de creusets. Il ajoute que, dans cette contrée, on fabrique quantité de lances et d’autres objets en fer[1]. » On sait, en outre, que l’étain, malgré l’énormité des prix de transport par caravane, a toujours fait partie des exportations du Soudan par la voie de Tripoli.

La ville de Zinder a une annexe, Zengou, qui est à une distance de 1 500 mètres et n’est pas entourée de murs. M. Foureau évalue à 10000 âmes la population de Zinder et à 4 ou 5000 celle de Zengou. Dans les deux agglomérations, la population a un certain soin de sa demeure et de sa personne. Quelques détails caractéristiques l’indiquent : « L’entourage de toutes les cases est toujours très propre et bien balayé… Chaque maison aussi bien à Zengou qu’à Zinder possède ses latrines, dans une cour, lorsqu’il s’agit d’une maison en toube, et dans l’enclos entouré de seccos, s’il s’agit d’une paillotte, » et M. Foureau en fait la description en ajoutant : « C’est presque soigné, comme on le voit[2]. »

Depuis notre prise de possession si récente, Zinder prend de l’essor et, maintenant que la sécurité y paraît assurée, il s’y fait un certain mouvement de construction. Zinder semble même vouloir menacer un peu Kano, la métropole commerciale du Soudan. Barth a dressé l’itinéraire de Kano à Zinder : il n’y a que cinq jours de marche. Kano, d’après Clapperton, comptait de 30 000 à 40 000 habitans ; d’après Barth, 30 000 habitans pendant la plus grande partie de l’année, et 00000, dans le temps de la plus grande animation, de janvier à avril[3]. Zinder est ainsi la véritable porte du Soudan ; elle se trouve à 6 degrés

  1. Mission saharienne, p. 566.
  2. Ibid., p. 521 et 522.
  3. Barth, Reisen und Entdeckungen, t. III, p. 144 et 669.