Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

environ de longitude à l’est de Paris et à peu près sur le méridien de Bône ; on y arrive quasi en ligne droite de Biskra, en longeant l’Aïr ; ce sont ces circonstances qui, avant même les explorations récentes si favorables, nous la faisaient désigner comme le point tout indiqué d’aboutissement du Transsaharien.


IV

De même que, de Zinder, on atteint, en quelques étapes, Kano, la métropole commerciale du Soudan, de même on gagne facilement, au sud-est, Kouka, l’ancienne grande capitale du Bornou, à laquelle l’ensemble des témoignages les plus authentiques, y compris les plus récens, ceux de M. Monteil et de M. Foureau, attribuent une population d’une centaine de mille âmes, avant sa destruction par Rabah.

M. Foureau a fait ce trajet de Zinder à Kouka, puis il a remonté vers le nord en suivant les rives du lac Tchad, qu’il a complètement contournées à l’est, pour rejoindre, au sud-est de cette grande nappe d’eau, vers l’embouchure du Chari, qui s’y jette, les deux missions de l’Afrique centrale et Gentil.

L’espace nous manque pour suivre la mission saharienne dans tout ce parcours ; nous nous contenterons de relever les traits principaux qui doivent permettre de juger du pays et de son avenir quand la sécurité y sera assurée. M. Foureau quitta assez tôt le territoire français qui, malheureusement, est très échancré à l’est, du côté du Tchad, et devrait être prolongé jusqu’à la grande rivière du Komadougou, un des cours d’eau qui se jettent dans le Tchad, vers le tiers nord à peu près de la rive occidentale de ce lac. Il semble qu’il serait aisé d’obtenir de l’Angleterre cette rectification ainsi que quelques autres, à l’occasion de la révision de nos droits sur Terre-Neuve.

Une grande partie de la contrée ainsi parcourue, de Zinder à Kouka, par la mission saharienne, a été effroyablement ravagée par Rabah, le terrible conquérant noir, dont nos trois colonnes réunies, celle du Chari, celle de l’Afrique centrale et la mission saharienne, toutes sous la conduite de l’héroïque et infortuné commandant Lamy, ont triomphé en avril 1900. On peut lire le récit émouvant de cette lutte dans le beau livre de M. Gentil, l’administrateur colonial auquel est due en grande partie la