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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/207

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structure, qui lui permet de supporter toutes les expériences, même des expériences communistes, comme en Amérique ; l’infériorité du collectivisme, c’est sa rigidité de structure, qui le contraint à exclure tout ce qui serait en contradiction avec son principe, et qui l’empêcherait de supporter même une seule expérience individualiste.

L’histoire nous fait assister aux jeux terribles de la liberté et de la justice sociale. L’histoire moderne, en particulier, nous montre le commerce enfantant une bourgeoisie, qui a besoin avant tout de liberté individuelle ; l’industrie enfantant le prolétariat, qui a besoin avant tout d’organisation et de justice. Le problème, c’est la réduction des antagonismes, la conciliation entre la liberté et la justice ; car nous ne pouvons nous passer ni de l’une ni de l’autre, et la liberté est dangereuse si elle n’est pas limitée par la justice sociale, comme la justice sociale est dangereuse si elle n’est pas élargie et vivifiée par la liberté. Ne nous épuisons pas dans la vaine poursuite d’une société idéale. Essayons d’obtenir une société raisonnable qui, par l’association, organise la liberté et la justice, émancipe l’individu et fournisse une base solide à l’Etat. Le progrès n’est pas dans la socialisation de la propriété privée ; il est dans l’administration commune des intérêts communs par la décentralisation et le gouvernement local, par le groupement et la représentation des intérêts.


ADOLPHE PRINS.