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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/281

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il ne rentrait pas au logis… Pourquoi encore de telles absences ? Oui, pourquoi ?…

Ces divers renseignemens édifièrent tout à fait Dubois, et son fertile cerveau eut vite imaginé une hypothèse ingénieuse… Disposant de plusieurs chevaux, l’adjoint d’état-major, pensa-t-il, se transportait fréquemment dans la banlieue de Rennes : l’inconnu que Bertrand allait voir en cachette, — c’était Fourcart. L’intrigue paraissait bien ourdie ; les cabaleurs étaient nombreux. Ils devaient tenir leurs conciliabules dans quelque villa encore ignorée, mais qu’on découvrirait ; Fourcart, sinon Marbot, leur apportait des ordres, et l’envoi des libelles annonçait de prochaines révoltes… Sans aucun doute, l’Armée de l’Ouest allait se rebeller !

Très fier de sa puissance divinatoire, Dubois alla soumettre ses inductions à la clairvoyance de Bonaparte. Dans le recueillement de la Malmaison, sous la verdure et les senteurs des hauts tilleuls, il raconta sa découverte, et formula son accusation :

— L’instigateur du complot, Général-Consul, n’est pas Moreau : il se nomme Bernadotte.


GILBERT AUGUSTIN-THIERRY.