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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/616

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entre les ateliers, spécialisé entre les ouvriers. Faisons des catégories d’ouvriers une récapitulation hâtive : on en trouve, en laissant de côté les manœuvres, en ne retenant que les spécialités réelles, et en comptant ensemble, dans la même spécialité, les chefs, les compagnons et les aides, quarante-deux à l’usine A ; quarante-huit à l’usine C ; et, chiffre bien plus gros qui s’explique par ce fait que cette troisième usine B a plusieurs ateliers que n’ont ni l’usine A ni l’usine G : — haut-fourneau, tréfilerie, fabrique d’outils, fabrique de ressorts, fabrique d’essieux, fabrique d’enclumes, lesquels veulent précisément des ouvriers rompus à des ouvrages spéciaux, — on n’en trouve pas moins de cent quarante-sept à l’usine B.

De cinquante à cent cinquante, selon que l’usine a ou n’a pas tel ou tel atelier, fait ou ne fait pas telle ou telle fabrication, et sans doute, selon que l’on suit tel ou tel mode de distribution ou de classement, c’est en ces limites que varie le nombre des spécialités ou des catégories dans des usines métallurgiques employant, comme A, B et C, de deux mille à trois mille ouvriers[1]. Elles-mêmes, pourtant, ces catégories, ces spécialités, qui sont de cinquante à cent cinquante, se rassemblent, se groupent en équipes, par ateliers, chaque équipe ayant ses hommes, ses cadres, son chef, chaque atelier ayant les siens, et l’usine tout entière, en tous ses ateliers, en toutes ses équipes, ayant le sien, le directeur, chef suprême de l’entreprise et du personnel. Et en ce directeur, de qui tout part, à qui tout revient, par lui s’opère la reconcentration, la réunification du travail divisé et spécialisé : en lui, et au-dessous de lui, en ces services, ces ateliers, ces équipes et leurs chefs, le travail se régularise, se hiérarchise, et, par conséquent, s’organise.

En effet, il s’y organise ; nous tenons bien ici tous les traits,

  1. La division du travail et son organisation sont d’ailleurs la même dans la plus grande et la plus célèbre des usines métallurgiques françaises, au Creusot. Là aussi, fonderies, forges, aciéries ; et, comme ateliers, les hauts-fourneaux, les aciéries, les presses et pilons, les fonderies, la forge. Là aussi, un personnel ouvrier, réparti par équipes, et composé de chefs d’équipe ou chefs-ouvriers, d’ouvriers, d’élèves-ouvriers (qui sont les aides) et de manœuvres. Un personnel dirigeant et sous-dirigeant composé d’ingénieurs, de contre-maîtres et des chefs d’équipe précités. La hiérarchie s’établissant de bas en haut dans chaque service, certaine et serrée : chefs d’équipe, contre-maîtres, chefs d’atelier, ingénieur chef de fabrication ou chef des travaux, chef de service. Effectif de ces divers services, 5 000 ouvriers environ, et autant, environ 5000, dans les services de constructions mécaniques, de matériel d’artillerie, de chemins de fer, etc. : en tout, une dizaine de mille.