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l’application, désormais nécessaire, de ce principe. Ce jour-là, Frédéric II, engagé à Zorndorf contre l’année russe de Fermor, avait grand’peine à soutenir l’offensive de l’aile droite ennemie. Vers midi, le 1er grenadiers russe, les brigades Lubomirski, Ouvaroff et Léontief, descendaient de leurs positions et enfonçaient le corps de Manteuffel qui perdait 26 canons. La situation du roi devenait critique. Or, Seydlitz était tout près avec 56 escadrons. Il avait même rappelé à lui 15 escadrons, initialement détachés vers la droite. Depuis quelques instans déjà, Frédéric II lui envoyait courrier sur courrier lui porter l’ordre de charger. Seydlitz ne bougeait toujours pas. À la fin le roi lui fit dire qu’après la bataille, il répondrait sur sa tête de sa désobéissance ; Seydlitz se contenta de dire : « Après la bataille, ma tête est à la disposition du roi. » Enfin, quand il vit l’infanterie et la cavalerie russes engagées dans les fonds, jugeant le moment venu, il lança ses escadrons. En tête, 5 escadrons de cuirassiers, 18 des hussards de Zieten et de Malachowski, puis 3 escadrons des gardes du corps, 5 de gendarmes, 25 escadrons de dragons. Sous cette charge, jusqu’alors unique dans les fastes de la guerre, et dont on ne devait revoir les pareilles qu’à Eckmüûhl et à la Moskowa, les Russes furent rompus. Toutefois, les 1er et 3e régimens de grenadiers firent une résistance héroïque, qui sauva leur aile droite, et bientôt la victoire penchait de nouveau du côté russe, lorsque Seydlitz apparut de nouveau, avec 60 escadrons, soit 8000 sabres. Sur l’aile gauche des Russes il lança d’abord les cuirassiers, puis les dragons, gendarmes, gardes du corps, enfin les hussards. Il culbuta leur cavalerie, puis il chargea l’infanterie et la jeta dans un tel désordre qu’elle subit un désastre complet. Le soir Frédéric embrassait Seydlilz, en lui disant : « Je vous dois encore cette victoire. »

Le 12 août 1759, à Kunnersdorf, le moment propice pour l’action de la cavalerie fut mal choisi, et elle échoua complètement. Cependant elle était commandée par des généraux de premier ordre, Seydlitz, Platen, le prince de Wurtemberg et Schorlemer.

Vers quatre heures, tous les progrès de l’armée prussienne étaient arrêtés. L’attaque de gauche pouvait seule déterminer la reprise du mouvement en avant. Seydlitz reçut l’ordre de lancer sa cavalerie sur le flanc du plateau tenu par les Russes. Il hésitait