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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/785

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reconnaissance, il se compose par moitié de dragons et de hussards ; ces derniers éclairent la petite troupe, reconnaissent l’ennemi et cherchent à le charger par derrière, pendant que les dragons, mettant pied à terre, attaquent à pied. »

Les dragons prennent une part très brillante à la surprise de Prague (1741). Mais ce sont les compagnies franches qui acquièrent le plus de célébrité en rase campagne.

Toutefois, la tradition se perd peu à peu et, bien qu’on fasse toujours des dragons une arme distincte, capable de servir à pied et à cheval, elle n’est plus guère employée que comme cavalerie.

A Fontenoy, ils chargent.

Un événement, peu important en lui-même, est caractéristique, au point de vue de la transformation des dragons à la fin du XVIIIe siècle.

Le 30 août 1761, près de Munster, un corps allemand attaque les avant-postes à Albatchen. Nos dragons qui s’y trouvent ne soutiennent pas le combat à pied dans les haies, les maisons, comme du temps de Turenne : il faut que l’infanterie vienne les dégager. Alors ils reviennent et chargent à cheval.

Avant Frédéric II, la cavalerie ne chargeait qu’au trot. Avec lui, les charges au galop commencent. La cavalerie agit souvent en masses et son rôle dans la bataille est parfois décisif, mais déjà il est retardé. La cavalerie ne peut plus se passer de l’effet préparatoire de la mousqueterie et de l’artillerie. Elle ne donne plus dès le commencement de l’action, comme à Rocroy, à Lens, aux Dunes. Ce n’est que lorsque la bataille est suffisamment mûre qu’elle intervient et qu’elle frappe les grands coups Ses succès dépendent du talent de ses chefs qui doivent saisir le moment favorable et en profiter, sinon l’échec est presque certain. Seydlitz, le plus illustre des généraux de cavalerie de la guerre de Sept ans, était très attentif à suivre cette règle. Dès que la situation du combat permettait de déterminer la zone où il y avait lieu d’engager la cavalerie, Seydlitz mettant à profit les couverts du terrain, conduisait ses escadrons aussi près que possible de l’ennemi qu’il voulait attaquer, puis se portant en avant pour observer le combat, il épiait le moment propice à son intervention. Il avait l’habitude de donner le signal de l’attaque en lançant en l’air la pipe qu’il fumait.

Le 25 août 1758, il a donné un exemple mémorable de