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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/791

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couronnaient et trouver un cheminement pour y amener la cavalerie.

Il proposa donc à l’Empereur d’attaquer la redoute à revers avec ses cavaliers, tandis que l’infanterie l’attaquerait de front. La proposition acceptée, Montbrun prit aussitôt ses dispositions, et il procédait à la reconnaissance préalable du terrain, quand un boulet l’emporta. Caulaincourt lui succède dans le commandement du 2e corps de cavalerie et, s’élançant avec la division de cuirassiers et les deux régimens de carabiniers, balaie toute la cavalerie russe, puis, se rabattant à gauche avec le 5e cuirassiers, tombe sur les derrières de l’infanterie ennemie et pénètre dans l’intérieur de la redoute, où il tombe victorieux, frappé à mort à son tour.

L’action de la cavalerie, en cette circonstance, était on ne peut plus osée, mais elle était logique, et le succès, s’il fut cruellement acheté, le démontra.

Son emploi en grandes masses pendant la bataille va, une fois encore, se justifier, mais ce sera la dernière.

C’est le 27 août 1813, à la bataille de Dresde.

L’aile gauche autrichienne est dépourvue de cavalerie. Elle est séparée du centre par une rivière, le Tharendt. Le maréchal Victor l’attaque de front avec son infanterie, tandis que Murât et La Tour-Maubourg, avec 10 000 chevaux, la tournent. Une pluie battante, qui pénètre dans les bassinets des fusils et mouille la poudre, empêche les Autrichiens de se servir de leurs armes. Leurs carrés sont enfoncés et sabrés. 10 000 hommes sont faits prisonniers. Mais, pour ce succès, il a fallu la réunion de circonstances exceptionnelles.

Les charges de Waterloo sont, à cet égard, caractéristiques. Celles des gardes à cheval de lord Sommerset et de la brigade de dragons de Ponsonby ne réussirent contre l’infanterie des quatre divisions de d’Erlon que grâce aux formations déplorables prises par cette infanterie. Chaque division s’était formée en échelons de bataillons déployés, serrés en masse, de manière à présenter ainsi chacune une phalange de deux cents files environ de front sur une profondeur de vingt-quatre hommes.

Dans une pareille cohue, incapable de se mouvoir et encore plus de faire usage de ses armes, les Anglais n’eurent qu’à tailler à plein bras. Néanmoins, dès que voulant poursuivre leur succès,