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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/798

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considérable, dont l’escorte est dispersée. Un escadron enlève le poste de la gare, gardé par 20 hommes, et se met à détruire la voie ferrée. À ce moment arrive un train bondé de troupes. Le mécanicien, voyant l’attaque, force la vitesse, passe ; mais il est tué et le train, lancé à toute vitesse, sans direction, va causer un grave accident à la station suivante, White House.

Pendant ce temps, Stuart fait procéder à la destruction du pont du chemin de fer de Black Creek, et arrive la nuit à Talleysville, où il fait faire une halte de trois heures, la première de la journée, pour faire manger les chevaux.

Le 14, à une heure du matin, il reprend la marche et arrive à la pointe du jour à Forge’s Bridge sur la Chikahominy. La rivière, grossie par les pluies des jours précédens, n’est pas guéable. À ce moment, son arrière-garde l’avertit qu’une division entière est à sa poursuite.

Un régiment pied à terre et l’artillerie sont chargés de protéger la retraite en cas d’attaque. Le reste des hommes est employé, partie à la construction d’un pont de fortune, partie à faire passer les chevaux à la nage. Bientôt la passerelle des piétons, longue de 30 mètres, est établie et sert à transporter les selles et le matériel. Pendant ce temps, les hommes dirigeaient leurs chevaux dans la rivière, s’appuyant d’une main sur l’encolure et tenant les rênes de l’autre main. Il fallut quatre heures pour construire le pont à l’usage de l’artillerie, qui servit encore aux 165 prisonniers et aux 260 chevaux de prise. À midi, tout le monde était en sûreté. Stuart passa le dernier et fit aussitôt détruire les deux ponts. La marche fut alors reprise sans interruption sur Richmond, où il arrivait le 15 à la pointe du jour, ayant en trois marches parcouru 160 kilomètres et livré trois combats.

C’est bien là le commencement de la guerre des chemins de fer, qui exige une cavalerie rapide dont le combat à pied, soutenu, par le canon, sera le mode essentiel d’action. Elle ne cherche pas ses renseignemens sur le front que présente l’adversaire, mais bien sur ses derrières, soit en contournant une aile, soit en passant par une brèche fortuite momentanément ouverte et dont elle profite aussitôt, grâce à ses éclaireurs.

C’est ainsi qu’en août 1862, Stuart gagne les derrières de l’ennemi avec 4 régimens de cavalerie et une batterie à cheval, tombe sur l’arrière-garde et le flanc d’une colonne fédérale de