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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/950

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Quant à ceux qui voudront faire un pieux voyage dans les cinq parties du monde, qu’ils parcourent le livre des Missions, qui peut être compris dans les meilleurs livres d’étrennes par le format, les gravures et les exemples salutaires.

Dans le désarroi des consciences, tandis que la persécution a pris la place de la liberté et que la haine est déchaînée contre tous les apostolats, s’il est un spectacle qui réconforte, qui soit fait pour enthousiasmer les jeunes gens qui entrent dans la vie, c’est celui que nous donnent les Missions catholiques françaises au XIXe siècle[1], en montrant jusqu’où peut aller la pitié pour la misère humaine, le devoir chrétien, ’le sacrifice de soi-même. Dans l’admirable publication, qui s’achève aujourd’hui sous la direction du P. J.-B. Piolet, et dont les six volumes : I. Missions d’Orient ; — II. Abyssinie, Inde, Indo-Chine ; — III. Chine et Japon ; — IV. Océanie et Madagascar ; — V. Afrique ; — VI. Amérique, — retracent l’histoire des missions établies dans l’univers entier, on trouvera exposé l’ensemble des efforts faits, des progrès accomplis, des résultats acquis en cent ans, et l’on admirera une fois de plus qu’à travers les destinées les plus diverses, l’Église se perpétue, que, « par les destructions, elle se rajeunisse, et que, pour elle, du mal même, sorte le bien. » Et le lecteur se sentira pénétré de reconnaissance et de respect, aux grands spectacles qui se déroulent devant lui. Et ils se déroulent, en réalité, sous ses yeux en ces relations si nobles, et si édifiantes dans leur simplicité, dues à tant d’apôtres éminens, et en une série de gravures, qui montrent les écoles, hospices, établissemens et fondations charitables, et nous font faire un véritable tour du monde chrétien. Il y aura toujours plus de soldats du Christ que de persécuteurs. Un seul drapeau ne flotte-t-il pas sur eux : celui de l’éternelle pitié, de la charité, de l’amour ? Puisqu’ils sont à la hauteur des suprêmes destinées qui les attendent, qu’importe qu’ils ne soient pas tous officiellement reconnus, pourvu que leur œuvre soit connue ! Quelques énergumènes peuvent leur fermer la patrie : ils n’ont pas fermé le ciel. Puissent ces pages si remplies d’exemples de dévouement et de patriotisme, qui seront lues avec passion par les jeunes gens, inspirer à quelques-uns des sentimens aussi généreux ! C’est le meilleur souhait à leur faire, et que justifie la fin d’une année où ce livre d’édification s’est épanoui comme une fleur sur un sol jonché de débris.


J. BERTRAND.

  1. H. Laurens.