Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/951

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




LES LOIS DE PROSCRIPTION

14 décembre.


Avant de congédier les Chambres, et de quitter lui-même Paris pour aller demander aux électeurs sénatoriaux de la Charente-Inférieure le renouvellement de son mandat, — que nous pouvons compter qu’ils ne lui refuseront pas, — M. le président du Conseil, ministre de l’Intérieur et des Cultes, a voulu se signaler par deux nouveaux coups d’éclat. Il a supprimé le traitement d’un archevêque et de deux évêques, à la suite et comme sanction d’un arrêt du Conseil d’État déclarant qu’il y avait abus « dans l’écrit intitulé : Pétition à MM. les sénateurs et MM. les députés en faveur de la demande d’autorisation faite par les Congrégations ; » et il a déposé, tant à la Chambre des députés qu’au Sénat, six Projets de lois relatifs aux « demandes en autorisation formées par les Congrégations. » Il eût peut-être, et même assurément mieux fait d’appliquer « les lois existantes » aux « inscrits maritimes » de Marseille ! Mais M. le président du Conseil, ministre de l’Intérieur et des Cultes, a sa manière à lui d’entendre la justice et le gouvernement : il n’applique pas à ses amis les « lois existantes ; » et, en revanche, quand il n’en existe pas contre ses adversaires d’assez draconiennes et d’assez iniques, il en fabrique ! et pourquoi se gênerait-il, s’il est en effet aussi sûr de l’approbation de sa majorité parlementaire que de la complaisance de son Conseil d’État ?

Il y aurait beaucoup à dire sur l’arrêt du Conseil d’État ; et, de