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quelque façon qu’on torture l’article 4 de la loi du 18 germinal an X, — ce sont les « articles organiques, » — on ne réussira pas à lui faire dire, en bon français, qu’une Pétition soit un « concile, » ou un « synode, » ou une « assemblée. » Cet article 4 est ainsi conçu : « Aucun concile national ou métropolitain, aucun synode diocésain, aucune assemblée délibérante n’aura lieu sans la permission expresse du gouvernement : » ces termes sont limitatifs ; et un « concert, » en admettant qu’il y ait « concert » dans la pétition des évêques, n’est pas plus un a concile, » qu’une entente n’est un synode. On soutiendrait, avec autant de bon sens et de franchise, qu’un « journal » ou une Revue, dont les rédacteurs s’inspirent d’une pensée commune, sont un « complot » ou une « conjuration ; » et peut-être, aussi bien, s’en avisera-t-on quelque jour. Car toutes les libertés se tiennent, et celle du Radical ou de la Lanterne est plus solidaire qu’on ne le croit de la liberté des évêques et des Congrégations. Mais de la Pétition de l’Episcopat français, puisque notre collaborateur, M. Francis Charmes, ici même et ailleurs, — dans le Journal des Débats, — a dit tout ce qu’il y avait à dire, comme aussi de l’arrêt du Conseil d’État, nous n’y reviendrons pas, et nous n’en aurions pas seulement reparlé s’il n’était intéressant de savoir ce que le ministère et la direction des Cultes y ont vu d’abusif et de vraiment « damnable. »

On s’était imaginé, je ne sais trop comment, ni sur la foi de quels conseillers, que l’on réussirait, si l’on savait s’y prendre, à diviser la cause des évêques de celle des Congrégations. Les évêques sont des hommes, et les Congrégations ne sont pas composées uniquement de saints. Quelques Congrégations se sont montrées parfois envahissantes, et il est arrivé que des évêques aient eu des « difficultés » avec elles ! On s’était donc imaginé que les Congrégations ne trouveraient pas grand appui dans l’épiscopat, ni surtout dans le clergé paroissial, avec le sentiment de qui les évêques eux-mêmes sont bien obligés de compter ; et, en effet, dans cette question où il y allait du fond même du catholicisme, si les évêques s’étaient tus, c’était un grand pas de fait vers la réalisation d’une « Église nationale. » Une « Église nationale, » — entendez une Église asservie, quasi laïque, dont les dignitaires ne seraient que de simples préfets, — c’est le rêve de tous ceux qui, depuis un siècle passé, n’osent pas attaquer ouvertement « la superstition. » Mais, ce rêve administratif, que M. le président du Conseil l’ait nourri, lui qui jadis a porté la soutane, — et c’est même pour cela, je pense, qu’on nous l’a mis aux Cultes, — voilà qui est un peu surprenant ! Que lui a-t-on donc appris au