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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/20

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proclamée « diète provinciale ; » elle avait confié le gouvernement à un « directoire ; » elle avait levé une armée qu’elle avait placée sous le commandement d’un des principaux chefs de la conjuration, le comte Henri Mathias de Thurn. L’empereur Mathias, pris au dépourvu, s’était montré hésitant. Il avait fallu que Ferdinand, visé personnellement, intervînt et prît la direction de la résistance. Une armée, levée en grande hâte, avait été mise sous les ordres du comte de Bucquoy. Les hostilités s’étaient poursuivies, entre Thurn et Bucquoy, avec diverses alternatives, pendant l’hiver de 1618-1619. Cependant, peu après la mort de l’empereur Mathias, et au moment où l’élection à l’Empire était en suspens, Thum avait battu Bucquoy, il était aux portes de Vienne, et on pouvait croire à la prochaine et définitive victoire des armées bohémiennes. On peut juger de la joie et de la confiance qui emplissaient le cœur des chefs de la grande conjuration.

Et c’est précisément à cette heure que la voix dont Ferdinand disposait en sa qualité de roi élu de Bohême allait lui assurer la couronne impériale !… Les électeurs impériaux étaient convoqués à Francfort, pour le 28 juillet. Les catholiques, joignant leur voix à celle du nouveau roi de Bohême, étaient maîtres du vote. Que faire ? Les chefs du mouvement n’hésitèrent pas. Avant tout, il fallait empêcher l’élection ou, du moins, l’entacher de nullité. A tout prix, il fallait enlever à Ferdinand la voix qui allait faire de lui un empereur. La Diète de Bohème se réunit donc, à Prague, au mois de juillet 1619. Puisqu’il fallait aller jusqu’au bout, on irait jusqu’au bout. Ferdinand fut déposé le 17 août, et on fixa la date de l’élection d’un nouveau roi au 26 août suivant.

Il était déjà bien tard. En effet, les électeurs impériaux étaient réunis à Francfort, depuis le 28 juillet, l’élection à l’Empire devant avoir lieu le 28 août. Le 28 août, Ferdinand votait pour lui-même, en qualité de roi de Bohème, et il obtenait, dans des conditions qu’il faut rappeler maintenant, l’unanimité des suffrages.

Les trois électeurs ecclésiastiques, en tant que catholiques, lui étaient naturellement acquis. Mais les trois électeurs laïcs étaient protestans. Comment se décidèrent-ils à donner leur voix au chef avéré de la cause catholique en Allemagne ?

Quelle que fût l’ardeur de leurs ambitions, les chefs de la