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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 décembre.


Ce siècle débute modestement : sa première année n’a pas jeté grand éclat. Quelle différence entre les débuts du XXe siècle et ceux du XIXe ! Mais nous ne nous arrêterons pas à une comparaison qui ne serait pas flatteuse, et n’apprendrait rien à personne. Notre situation intérieure est des plus médiocres. Nous avons dit, il y a quinze jours, ce qu’elle est au point de vue financier et budgétaire ; depuis, ce que nous avions annoncé s’est réalisé et la discussion du budget a dû être interrompue. Le Parlement s’est mis en vacances plus tôt qu’il ne le fait d’ordinaire, alors que le budget est plus en retard qu’il ne l’avait encore jamais été. Il a voté deux douzièmes provisoires : nous y sommes habitués. Mais nous ne le sommes pas encore à avoir un budget en déficit, et c’est une habitude qu’il nous faudra peut-être prendre comme l’autre.

La discussion du budget, on s’en souvient, était suspendue à la question de savoir si le budget des cultes serait supprimé ou maintenu. Tout le monde savait qu’il serait maintenu. La commission a mollement défendu la suppression qu’elle avait proposée. Le grand discours annuel sur la séparation de l’Église et de l’État a été fait, cette fois, par M. Camille Pelletan, qui n’a épargné à ses auditeurs aucun des argumens devenus classiques sur la matière, et y a ajouté un certain nombre d’anecdotes. Il a parlé pendant deux séances ; M. le président du Conseil lui a répondu en une demi-heure : ayant d’avance bataille gagnée, il ne s’est pas donné beaucoup de peine. Le Concordat ne sera pas encore dénoncé cette année. « Avant de le dénoncer, a