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en 1481. La propriété resta dans la famille jusqu’en 1571, époque à laquelle elle fut vendue par sa petite-fille, Marie Foucquet, femme du sieur Portier.


III

Si le logis des Fouquet, d’un côté, permettait vite au peintre de prendre la clé des champs et d’aller, en peu d’instans, reposer sa vue sur les prairies vertes et les coteaux boisés qui avoisinent le cours sinueux du Cher, de l’autre, sa porte s’ouvrait sur les rues enchevêtrées et animées d’une ville très pittoresque et très vivante. Au retour d’Italie, il n’eut point à y ressentir cette tombée d’ennui glacial qui rend aujourd’hui la transition si pénible pour les artistes condamnés à la torpeur et à l’indifférence d’un milieu provincial. Entre Tours et Florence, au XVe siècle, la différence n’était pas aussi grande qu’elle avait pu l’être auparavant et qu’elle l’est depuis redevenue. La ville principale de Touraine, déjà très florissante sous Charles VII, à cause du voisinage de Loches et des autres résidences royales, et déjà peuplée de grands seigneurs, de dignitaires ecclésiastiques et civils, de capitaines et de juristes, avec une nombreuse colonie étrangère d’ambassadeurs et même d’artistes, s’accrut encore rapidement dès qu’elle devint, sous Louis XI, le siège du gouvernement et la capitale de la France.

C’est toujours à des Italiens que nous devons le témoignage de celle prospérité et de la vie agréable et brillante qu’on menait alors sur les bords de la Loire. En 1401, le 23 décembre, arrive à Tours, pour saluer le nouveau roi, une ambassade de la République florentine, composée d’une centaine de personnes. Les ambassadeurs étaient Mgr Filippo de’ Vieri de’ Medici, archevêque de Pise, Buonaccorso di Luca Pitti, Piero de’ Pazzi. L’entrée fut magnifique. Les Florentins restèrent à Tours jusqu’au 15 janvier. Durant ces trois semaines, ce ne furent que visites de gala, réceptions officielles, festins, concerts, promenades. Les comptes de dépenses, avec les notes et impressions d’un chancelier très cultivé et très ouvert, publiés par l’Archivio Storico, nous font assister à toutes ces fêtes. Par le nombre des hauts personnages chez lesquels les envoyés vont faire visite ou vont dîner, on peut juger que la société mondaine était nombreuse, joyeuse, hospitalière. Leur plus forte dépense consiste en