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adversaire une sorte d’excommunication, de mise hors la loi, qui lui fermerait l’accès du Maghreb et amoindrirait son prestige religieux. La Chambre des députés, hostile à la politique algérienne de Louis-Philippe, demandait à grands cris la paix. D’ailleurs, presque personne ne songeait alors que notre ; domination pût un jour dépasser le Tell, s’enfoncer jusque dans le Sahara. Il fut spécifié que « les limites qui existaient autrefois entre le Maroc et la Turquie resteraient les mêmes entre l’Algérie et le Maroc. » Mais cette frontière, au cours des temps, s’était déplacée : nos négociateurs s’arrêtèrent malheureusement à celle de l’oued Kiss, qui n’était guère en usage que depuis vingt-cinq ans, au lieu de revendiquer celle de la Moulouïa, que la nature même indique et qu’une longue tradition avait consacrée, puisque déjà, au temps des Romains, elle séparait les deux Maurétanies et qu’elle avait, pendant plus d’un siècle et demi, délimité l’Algérie turque et le Maroc. De l’oued Kiss au col de Teniet-es-Sassi, les bornes des deux États furent soigneusement déterminées ; mais, plus au sud, la frontière resta indécise ; le texte du traité se contenta de nommer les principales tribus et les principaux ksour appartenant à chacun des deux États. Le fameux article 4, qui a été la source de tant de litiges, est ainsi conçu :


Dans le Sahara (désert), il n’y a pas de limites territoriales à établir entre les deux pays puisque la terre ne se laboure pas et qu’elle sert de pacage aux Arabes des deux empires qui viennent y camper pour y trouver les pâturages et les eaux qui leur sont nécessaires. Les deux souverains exerceront, de la manière qu’ils l’entendront, toute la plénitude de leurs droits sur leurs sujets respectifs dans le Sahara. Et, toutefois, si l’un des deux souverains avait à procéder contre ses sujets, au moment où ces derniers seraient mêlés avec ceux de l’autre État, il procédera comme il l’entendra sur les siens, mais il s’abstiendra envers les sujets de l’autre gouvernement.

Ceux des Arabes qui dépendent de l’empire du Maroc sont les M’beia (Mehaïa), les Beni- Guil, les Hamian-Djenba, les Eûmour-Sahra (Amour) et les Ouled-sidi-Cheikh-el-Gheraba.

Ceux des Arabes qui dépendent de l’Algérie sont : les Ouled-sidi-Cheikh-el-Cheraga et tous les Hamiau, excepté les Hamian-Djenba susnommés.


L’article 5 répartit les ksour :


Les ksour qui appartiennent au Maroc sont ceux de Ich et de Figuig.

Les ksour qui appartiennent à l’Algérie sont : Aïn-Sefra, S’fissifa, Assla, Tiout, Chellala, El-Abiad et Bou-Semghoune.


Tout a été dit, dès le temps même où il fut conclu, pour