Spinola quitte l’archiduc Albert et commence la campagne d’invasion du Palatinat. Au fur et à mesure que les événemens se précipitent, les ambassadeurs, ballottés entre des sentimens contraires, se sentent inutiles, un peu ridicules. Ils en sont encore à prêcher la paix, tandis que le bruit des armes retentit de toutes parts ; ils voudraient prendre et surtout faire prendre au sérieux ce rôle d’arbitre de l’Allemagne que la Cour de France s’était si légèrement attribué. Pour cela, ils frappent à toutes les portes. On refuse d’examiner leurs propositions. On les traîne. Ils languissent. L’Empereur ne les voit que dans des audiences d’apparat et sans confidence. Et encore, il se plaint de ne pas recevoir le secours que le roi de France lui avait fait espérer. Leur cœur éclate : « Toutes ces considérations nous font croire, écrivent-ils au ministre Puisieux, que vous aurez soin, comme nous vous en supplions, de nous envoyer avec diligence les ordres et commandemens du Roi afin que son autorité ne paraisse pas ici languissante et inutile (2 septembre 1620). » Ils essayent de poursuivre la négociation de la paix avec Bethlen Gabor. L’Empereur répond à leurs ouvertures d’une façon dérisoire : « Pour ne rompre pas, nous fûmes obligés de dissimuler notre ressentiment… » « L’ambassadeur d’Espagne dit tout haut que nous ne viendrons pas à bout de la paix et que l’autorité du Roi son maître ne peut permettre que l’autorité du Roi réussisse les affaires… » « Nous pouvons dire, en vérité, que nous sommes, ici, sans aucune consolation ni satisfaction que celle de servir au gré de notre maître. »
Et encore, ce maître ou, du moins, ses ministres ne sont pas contens. De la Cour, on les accuse de voir les choses en noir, de se laisser influencer par l’ambassadeur d’Angleterre. Puisieux leur écrit, assez naïvement, de persévérer, qu’ils vont réussir, que la saison qui approche « est plus propre aux traités qu’aux combats. »
Or, au même moment, ils apprennent et ils annoncent à la Cour l’inévitable catastrophe : le prince palatin a été battu, à plate couture, à la Montagne Blanche, près de Prague. Tandis que le prince d’Anhalt, général de l’armée bohémienne, réduit à une armée de 24 000 hommes, par suite de la neutralité de Mansfeld, essayait de se dérober, Maximilien de Bavière, sur les conseils de Tilly et contrairement à l’avis de Bucquoy, l’avait attaqué résolument. La déroute fut complète. Neuf mille Bohémiens