à agir énergiquement au Touât et à y faire la loi ; le Maghzen ne demanda plus qu’une chose : que l’ordre fût bientôt rétabli dans le Sud et que nous lui fissions part de l’étendue de nos revendications.
Au milieu de l’été de 1900, la conquête paraissait donc achevée, la pacification assurée, les complications évitées. Quelques semaines plus tard, tout allait être à refaire et les difficultés allaient commencer.
L’on ne met pas le pied sur un nid de pillards, l’on ne trouble pas dans leur possession des populations habituées à l’indépendance, sans exciter des haines et provoquer des résistances. A coup sûr, ces rancunes et ces désirs de vengeance existaient dans « l’archipel » du Touât ; mais sans doute les passions se seraient calmées d’elles-mêmes, si elles n’avaient trouvé au dehors un élément d’espérance et un appui.
De Figuig au Tafilelt, sur les pentes méridionales de l’Atlas et le long des ouadi qui en descendent, vivent des tribus nombreuses et guerrières : les principales sont les Doui-Menia et les Berâber.
Le domaine de parcours des Doui-Menia s’étend dans tout le triangle compris entre l’oued Zousfana et l’oued Guir ; ils ont leurs cultures et leurs silos dans la plaine de Kechaab, fertilisée chaque hiver par les crues de l’oued Guir, qui, descendu du grand Atlas où il a ses sources non loin de celles de la Moulouïa, recouvre périodiquement les campagnes d’aval ; l’hiver, pour les semailles, l’été, pour la moisson, ils demeurent dans cette vallée favorisée ; le reste du temps, ils se dispersent pour aller à la recherche des pâturages, ou pour se rendre, à l’automne, les uns dans les ksour des Beni-Gourni, le long de l’oued Zousfana, les autres au Tafilelt, dans le district de R’orfa, pour faire la récolte de leurs dattes. Dans les mêmes parages vit la tribu des Ouled-Djerir, fraction séparée des Ilamian, étroitement alliée avec les Doui-Menia et englobée dans leur rayon d’action. Les Doui-Menia sont une confédération de cinq tribus, presque toujours très unies entre elles ; si la djemaa a décidé la guerre, toutes doivent se lever, et elles peuvent alors mettre en ligne 5 000 fantassins et 1 500 cavaliers, plus le contingent des Ouled-Djerir.