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Redeviendra méduse au fond des vastes eaux,
Et le porphyre pourpre est pareil aux coraux.
… Et seul, sous le vol blanc d’une longue mouette,
Penché sur la lagune à l’onde encor muette,
J’écouterai si de cette autre ville d’Ys
Montent toutes les voix des cloches de jadis.


II. — MAREE BASSE


C’est l’heure où les marées
Baissent l’eau sous les ponts ;
Des loques colorées
Sèchent à des balcons.

Aux reflets des mâtures
Le flot mélange au loin,
Avec des épluchures,
Du varech et du foin.

Des gondoles sordides
Sous des raisins royaux
Penchent ; d’autres vont, vides,
Sur les petits canaux.

Au ciel, les cheminées
Raillent en entonnoirs,
Et des socques traînées
Claquent les pavés noirs.

Un petit chien aboie
Et court le long des quais ;
Du vin versé rougeoie
Le seuil d’un vieux palais.

Mirant dans l’eau douteuse,
Qui stagne aux carrefours,
Ton visage de gueuse
Et tes sales atours,