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Et les sirènes, soudain,
Sur leurs croupes écailleuses,
Se glissent au vieux jardin,
Pillardes, folles, rieuses.

Elles vont, volant ses fleurs
Avec ses fruits, à la terre,
Et s’étonnent des saveurs
Que leur goût saumâtre altère.

Elles troublent de leurs bonds
Les vasques, et les eaux pures
Gardent dans les bassins ronds
Le sel de leurs chevelures ;

Et l’une d’elles, tout près
De ta bouche, ô faune hirsute !
Fait, sous ses doigts verts et frais,
Chanter ta muette flûte.


IV. — CAMPO SAN STEFANO


La place San-Stefano,
Par les nuits de lune,
Voit errer en domino
Des ombres… Chacune

Tient son masque de velours
Devant son visage,
Et songe à d’anciens amours
N’ayant jamais d’âge.

Ce palais est rose, tel
Le fard sur leur joue ;
Un désespoir éternel
De leur cœur se joue.