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CORRESPONDANCE
DE
CHOISEUL ET DE VOLTAIRE

On savait, par les Mémoires posthumes de Voltaire et par quelques passages de sa Correspondance, qu’il avait existé entre lui et le duc de Choiseul un commerce épistolaire, qu’une circonstance fortuite de leur vie avait fait naître et que leur souci de réclame et leurs ambitions simultanées les avaient entraînés à continuer. De cette correspondance, qui dura douze ans avec une certaine régularité de part et d’autre, il ne nous était parvenu jusqu’ici qu’un très petit nombre de lettres : nous n’en trouvons en effet, dans la dernière édition de la Correspondance complète de Voltaire, celle de Louis Moland, datée de 1880, que dix-sept adressées par Voltaire au duc de Choiseul et pas une de celui-ci à Voltaire. Ces quelques restes épars et sans suite ne pouvaient nous édifier sur le caractère des relations établies entre le philosophe et le ministre et, devant l’absence de témoignages suffisans, on pouvait admettre la possibilité d’un doute relativement à la véracité du philosophe de Ferney quand, soit à d’Argental, soit à d’autres correspondais, il parlait pompeusement de ces relations. Et c’est ainsi que, dans son très intéressant ouvrage sur Voltaire pendant la guerre de Sept Ans[1], le duc de Broglie a pu dire, parlant de Voltaire : «… Des lettres ostensibles à lui adressées par Choiseul pour être communiquées à Frédéric II, aucune ne nous est parvenue, et si elles avaient eu

  1. Paris, 1898, in-18.