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LA CRISE EUROPÉENNE
DE 1621

II[1]
LUYNES ET LE PARTI PROTESTANT EN FRANCE

Entre le roi de France et ses sujets protestans, l’Edit de Nantes n’avait été qu’une trêve politique et un armistice militaire. Le parti était resté, au milieu du royaume, campé et en armes. Le Roi avait dû lui laisser la jouissance de cent-cinquante places de sûreté et lui assurer, lui-même, les ressources nécessaires à leur entretien.

Durant les troubles de la régence de Louis XIII, on avait bien vu que l’existence du parti protestant était une menace perpétuelle pour l’unité nationale. Il était l’allié naturel de tous les ennemis de la couronne. La royauté devait sans cesse avoir l’œil sur lui, négocier avec lui, ou lutter contre lui. Tant qu’il subsistait comme organisation politique, l’unité du royaume était irréalisable ; tant qu’il subsistait comme organisation militaire, aucune entreprise de longue haleine au dehors n’était possible.

Tout le monde le savait : le Roi le savait, et ses Conseils ne cessaient de lui signaler l’entrave qu’était, pour lui, le danger toujours imminent d’une rébellion protestante. Sillery disait à l’ambassadeur de Venise qui suppliait le Roi d’intervenir dans les affaires de la Valteline : « Le mal est dans notre sang, dans nos entrailles… Le Roi dissimule autant qu’il le peut ;… si Sa

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.