sont entre ses mains. En présence du danger imminent, tous les sages du parti se jettent en travers des violens. Ils les supplient de réfléchir encore. Bouillon, qui craint qu’un coup de tête ne trouble l’exécution de ses vastes projets, se prononce énergiquement pour la paix. Lesdiguières adresse à l’assemblée les plus sages paroles. Rohan et Soubise eux-mêmes conseillaient la patience. Duplessis-Mornay, avec sa longanimité ordinaire, négociait un compromis. Un instant, l’Assemblée de La Rochelle donna son adhésion. Mais la violence de Lescun et des Eglises de Béarn rompit toutes les mesures.
Une nouvelle Assemblée, autorisée par le Roi qui voulait tenter toutes les voies de la conciliation, se réunit à Loudun, le 24 mai 1019. Lescun la domine. Elle demande le retrait de l’arrêt relatif au Béarn ; elle réclame la prorogation du brevet des places de sûreté ; elle rappelle la Cour à l’exécution des édits. C’est un ultimatum.
Il est très difficile de déterminer les raisons qui poussèrent le parti, malgré les avis de tous les hommes autorisés et expérimentés, à cet excès d’imprudence. On a relevé, avec raison, la scission qui s’affirmait parmi les protestans du Midi. Dans les villes, la démocratie gouvernail, se substituant à l’aristocratie et à la haute bourgeoisie. Elle était violente et sans frein, à la merci des orateurs populaires, en proie à une sorte de passion mystique qui, parfois, touchait à la folie. Des nouvelles circulaient au sujet des frères de Bohême et d’Allemagne qui souffraient pour la cause. Il fallait les secourir : Dieu combattrait pour les siens. On trouve trace de ces sentimens obscurs dans la correspondance de Lescun et dans ses conversations avec les principaux ministres : « J’ai su tout cela par Messieurs Durant et Dumoulin. Ils sont d’avis, comme aussi tous les gens de bien, qu’il faut que l’église de Béarn tienne roide la discipline contre les traîtres à l’Eglise… et que nous nous opposions tous vigoureusement à la ruine qu’on nous prépare par ladite mainlevée. Ils assurent que toutes les Eglises de France s’y porteront très volontiers, d’autant qu’on voit bien qu’on veut nous perdre et qu’il vaut mieux qu’on nous entreprenne pendant que nous sommes encore entiers qu’après nous avoir affaiblis en divers endroits. La paix est faite en Savoie. Ou va faire la guerre aux protestans d’Allemagne, etc. »
Il faut suivre ces dessous si importons dans les