Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

LE THÉÂTRE

III.[1]
AUTEURS, PUBLIC ET DIRECTEURS

Il est connu que, dans le royaume des lettres, le théâtre est le département le plus lucratif, comme la poésie est celui qui rapporte le moins. Les auteurs dramatiques ont, en effet, un champ fructueux : s’ils peuvent monnayer leur gloire, c’est d’abord au goût du public pour les spectacles qu’ils en sont redevables ; mais ils le doivent aussi à eux-mêmes, je veux dire à la façon dont ils gèrent leurs intérêts.

Les premiers, bien avant qu’il ne fût question de syndicats professionnels ou de coopératives de production, ils avaient noué entre eux une ligue si solide et l’avaient conduite si énergiquement, qu’ils réalisaient, dans cette industrie de l’intelligence, l’idéal des ouvriers du fer ou du charbon : le travail donnant des lois au capital. Lois humaines et raisonnables à la vérité sont celles qu’a édictées la Société des Auteurs, dont le caractère est de niveler, en faveur des faibles, des jeunes et des inconnus, le taux des prélèvemens que la corporation opère sur les recettes des entreprises théâtrales.

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 1er septembre.