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proportion respective des cours d’eau naturels et artificiels dans cet ensemble fait pressentir le rôle prépondérant que les premiers jouent par rapport aux seconds dans la navigation allemande. En fait, les quatre cinquièmes du trafic des voies navigables appartiennent aux sept grands fleuves qui sillonnent l’Allemagne sur une longueur totale de 3 000 kilomètres, et les deux tiers de ce trafic sont absorbés uniquement par deux voies de premier ordre, le Rhin et l’Elbe.

Le Rhin allemand, navigable sur une longueur de 566 kilomètres, dessert une population de 16 millions d’habitans, c’est-à-dire de près du tiers de la population totale de l’Empire. D’après une étude faite en 1897[1], les provinces du Rhin comprennent plus de 100 000 exploitations industrielles de diverse nature, employant un million et demi d’ouvriers, soit 40 pour 100 de la population ouvrière allemande. La production du fer dans cette région représente 83 pour 100 de celle de l’Allemagne entière ; celle du charbon, 50 pour 100. Cette partie de l’Empire fournit encore 99 pour 100 de la production totale du vin, 94 pour 100 de celle du houblon, 55 pour 100 de celle de la bière, la moitié environ de celle des produits chimiques, du salpêtre, de la meunerie, des industries textiles. Les tissus de soie, de laine, de coton et de lin, les draps d’Aix-la-Chapelle, les toiles de Bielefeld en Westphalie, les cotonnades de Goldbach, Mulhouse, Augsbourg et Bamberg constituent un fret rémunérateur. Les marchandises destinées à l’exportation maritime fournissent une masse presque inépuisable de transports provenant des provinces rhénanes, de l’Alsace-Lorraine et de la Suisse. À cette quantité de marchandises s’ajoutent celles qui sont nécessaires pour nourrir une population aussi dense qu’industrieuse.

Les conditions de navigabilité du Rhin sont exceptionnellement favorables. Son cours est paisible, car ce n’est qu’à Carlsruhe, à la distance de 621 kilomètres de l’embouchure, qu’il atteint l’altitude de 100 mètres, de sorte, que sur le long parcours compris entre ces deux points, la pente moyenne n’est que de 0m, 16 par kilomètre. Elle atteint au maximum 0m, 50 en aval de Bingen[2]. La largeur normale du fleuve au-dessus de

  1. Le Rhin au point de vue de son importance économique et des tarifs de transport, par le docteur Landgraff, secrétaire de la Chambre de Commerce de Mannheim.
  2. À titre de renseignement, nous signalerons que la distance comprise entre l’embouchure et l’altitude de 100 mètres est pour la Seine de 556 kilomètres (pente moyenne de 0m, 18 par kilomètre) et pour le Rhône de 215 kilomètres (pente moyenne de 0m, 47 par kilomètre).