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plus d’un moyen indirect d’en tirer profit, sans se donner le moindre mal. D’abord il lui était loisible de mettre à sa place un régisseur. Ordinairement on choisissait un esclave ou un affranchi, parce qu’on avait de cette manière plus de sécurité. L’esclave, en effet, n’avait rien à lui, pas même ses économies ; par conséquent, si son maître le soupçonnait d’infidélité, il était aisé de lui l’aire rendre gorge. L’affranchi était moins dépendant ; mais, dans certains cas, son patron héritait de lui, et, s’il réussissait à le convaincre de vol, il pouvait le ramener à l’état de servitude. Ainsi protégé contre toute malversation, le riche Athénien n’éprouvait aucune répugnance à confier ses terres, son atelier, son commerce ou sa banque à un intendant, qui les gérait comme il l’entendait. Midas, qui remplissait cet office chez le parfumeur Athénogène, vendait, achetait, empruntait à sa guise, et ne présentait ses comptes à son maître qu’une fois par mois. Un autre procédé, applicable seulement en matière d’industrie, consistait à louer ses esclaves. La location portail soit sur des esclaves isolés, soit sur l’ensemble des esclaves qui garnissaient un atelier, et alors on louait l’atelier avec eux. Dans le second système, le preneur payait une rente analogue de tous points à un loyer ordinaire ; dans le premier, il payait une redevance journalière de tant par tête ; dans les deux, c’est à lui qu’incombaient les frais de nourriture et la responsabilité des accidens. Cette pratique était tellement répandue, que certains capitalistes acquéraient et dressaient des esclaves uniquement pour les louer. Dans les mines, elle était d’un usage courant, et il est à présumer qu’elle était assez fructueuse, puisque Xénophon conseillait à l’Etat de l’adopter. Enfin, on a des indices qu’un Athénien autorisait parfois ses esclaves à travailler pour eux-mêmes. On en voyait qui se chargeaient de faire la moisson d’un étranger, de cueillir ses fruits ou de cultiver ses champs. Le contrat était conclu par l’intermédiaire de leur maître ; mais c’étaient eux qui louchaient le prix stipulé, sauf une part réservée pour ce dernier. Timarque possédait une dizaine d’esclaves corroyeurs, qui versaient journellement entre ses mains deux oboles chacun, en vertu d’un abonnement qui leur laissait l’excédent de leur gain. Ces hommes devaient former une espèce de société coopérative de production, puisqu’ils avaient un chef d’atelier, esclave comme eux, taxé à trois oboles.

Ces diverses combinaisons avaient pour objet d’assurer aux