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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/686

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Le problème s’est posé de savoir si l’analogie du parasite entraîne l’analogie de l’affection parasitaire ; si, en d’autres termes, le paludisme de l’homme se retrouve, identique à lui-même, chez quelque autre espèce animale ; ou encore si l’homme et la bête peuvent contracter dans les mêmes circonstances la même maladie. Un vétérinaire, M. Dupuy, a répondu affirmativement. Il a soutenu, il y a quelques années, que les chevaux algériens, transportés dans la Sénégambie, en contrée palustre, y prenaient les fièvres, tout aussi bien que leurs cavaliers. Un de ses collègues, M. Pierre, prétend avoir trouvé, dans le sang des chevaux et des mulets décimés, au Soudan, par une grave épidémie, des formes parasitaires semblables à celles de l’homme atteint de la fièvre palustre.

On peut douter, cependant, que la même affection, causée par le même agent et manifestée par les mêmes symptômes, se retrouve ainsi à des degrés de l’échelle animale aussi distans que l’homme l’est du cheval. On a cherché ce qui se passait à des degrés intermédiaires. Chez les Chéiroptères, déjà plus proches de l’homme, par suite de leur voisinage avec les singes, un observateur italien, Dionisi, a décrit, en 1899, des parasites du globule sanguin, très analogues à l’hématozoaire de Laveran. Enfin, chez les singes eux-mêmes, dans l’Est africain, un observateur allemand, Kossel, signalait, bientôt après, les parasites véritables du paludisme.

En résumé, les naturalistes ont constitué, en peu d’années, une riche documentation pour l’histoire de cet organisme rudimentaire, l’hématozoaire du paludisme, simple cellule différenciée qui vit en parasite, pendant une partie ou pendant la totalité de son existence, dans une autre cellule de son hôte, le globule rouge du sang.


II

Ce n’est pas assez de dire que l’hématozoaire du paludisme vit dans le sang : il y vit exclusivement. Il se confine dans les vaisseaux sanguins ; il n’en sort jamais : on ne le rencontre, chez l’homme, dans aucun autre tissu, dans aucun organe. Il y a plus : il vit dans une partie spéciale du sang, dans le globule rouge ou hématie. Il s’y introduit, s’y installe, y grandit aux dépens de son hôte, qu’il remplit et distend, et dont il dévore