réussi à infecter ces animaux. Il en faut conclure que les hématozoaires de ceux-ci, pour aussi voisins de celui de l’homme qu’on veuille les supposer, en sont néanmoins spécifiquement distincts. Et cette observation est corroborée par celle que nous offre le spectacle de la Campagne romaine où les chevaux et les bœufs paissent en liberté en des lieux où l’homme ne saurait se risquer la nuit sans être certain d’y contracter les fièvres.
Il serait vain de prétendre résumer ici, en quelques pages, toute l’histoire du paludisme et de son parasite. Nous en choisirons seulement quelques traits, à raison de leur intérêt doctrinal ou de leur intérêt pratique : la découverte de l’hématozoaire, son histoire naturelle ; et nous dirons, enfin, quelques mots sur le rôle des moustiques dans la propagation du paludisme.
Le paludisme constitue, par son extension à la surface du globe et par la permanence de son action dans les contrées où il s’est établi, la plus redoutable des maladies qui s’opposent aux progrès de la colonisation. En Europe même, il met en interdit de vastes régions et il décime les populations qui ne fuient pas devant lui. C’est une véritable calamité, dont on ne saurait exagérer les conséquences. En ce qui concerne l’Italie, M. Bertaux[1] a montré, ici même, l’incalculable série des répercussions que la malaria a exercées sur la condition physique, et par elle sur l’état matériel, économique, - social et politique de tout un peuple. En 1880, une commission parlementaire italienne constatait que le fléau était en voie d’aggravation, que le tiers du pays, en étendue, en était la proie, et qu’un dixième du contingent militaire en était la victime. Le régime des latifundia, de la grande propriété absentéiste, qui fait du laboureur italien un ouvrier nomade ne résidant point sur la terre qu’il cultive ; l’émigration, par laquelle il se soustrait au péril qui menace sa vie, sont des maux accessoires où la malaria intervient comme facteur. Lorsque la vie nationale, comme c’est le cas dans le reste de l’Europe, n’est pas affectée par ce cruel fléau, c’est la politique coloniale qui doit compter avec lui. Il en coûte cher de négliger cet adversaire redoutable. Dans l’expédition de
- ↑ La Malaria en Italie, Revue du 15 août 1900.