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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/691

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l’hématozoaire du paludisme. Danilewsky, en 1886, faisait connaître les hématozoaires des oiseaux, plus faciles à observer. Grassi et Feletti, en 1890, en colorant le noyau de l’hématozoaire, rendirent celui-ci comparable à un sporozoaire. Manson, Bignami et Bastianelli, en 1898, R. Koch, en 1899 ; Sakharoff, et, enfin, Mac Callum, dans le même temps, ont fait connaître la structure de l’une des formes les plus embarrassantes de ces parasites, la forme de flagelles, qu’ils ont identifiée aux élémens mâles ou microgamètes des coccidies. Grassi, Dionisi, Metchnikoff, Mesnil, ont interprété une troisième forme de l’hématozoaire : la forme en croissant, qui a été identifiée à un kyste sexué. Enfin, R. Ross, P. et Th. Manson, Grassi, Bignami, Bastianelli, et R. Koch, ont fait connaître la phase de l’existence de l’hématozoaire qui s’écoule dans l’organisme du moustique. Et, de tout cet ensemble de travaux, est résultée la connaissance de l’évolution de l’hématozoaire. Cet animalcule présente des métamorphoses et des migrations. Il passe du moustique à l’homme et revient de l’homme au moustique, directement, sans jamais su trouvera l’état de liberté dans le milieu extérieur. Contrairement aux anciennes théories du paludisme, que l’on croyait si bien fondées, le germe de l’infection ne se rencontre donc jamais, ni dans le sol, ni dans l’air, ni dans les eaux. L’hématozoaire présente deux générations successives, l’une, agame, qui s’écoule dans les globules rouges du sang de l’homme, l’autre, sexuée, qui s’accomplit dans le tube digestif et les annexes du moustique Anophèles.

En confrontant les formes et l’évolution de l’hématozoaire à celles de la coccidie, on trouve une superposition presque parfaite, et l’on peut ainsi établir la véritable nature du parasite paludique et sa place dans la classification. Cette place est à côté des coccidies. Il n’en diffère qu’en ce que l’hématozoaire a besoin de deux hôtes, pour achever son cycle évolutif, tandis que le sporozoaire n’habite qu’un seul : le second est remplacé, pour lui, par le milieu extérieur. Ces légères différences autorisent à former un groupe spécial pour le parasite paludique et ses congénères, l’ordre des hæmosporidies, qui fait pendant aux ordres des coccidies et des grégarines. A eux trois, ils constituent le groupement le plus important de la classe des sporozoaires.

Tous ces détails, on les ignorait, et peut-être ne pouvait-on pas même les prévoir, au moment où M. Laveran publiait ses premières observations. Il avait trouvé dans les globules du