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et sa peine, qu’on n’y voie plus des gardiens si mal payés qu’ils soient presque tous portés à tendre la main aux visiteurs. Les fonds affectés aux acquisitions seraient augmentés, et peut-être pourrait-on inaugurer l’ouverture du soir de certaines parties de nos musées[1]. »

On ne saurait mieux dire. La question ainsi résolue, en principe, par le rapporteur, d’accord avec la Commission du budget, allait-elle l’être par la Chambre, et dans le même sens ? MM. Denêcheau et Plichon, députés, présentèrent un amendement qui, faveur rare, fut incorporé d’office dans la loi de finances. Il était ainsi rédigé :

« Art. 54 (ancien 55). L’entrée des musées nationaux est libre les dimanches, jeudis et jours fériés.

« Les autres jours, il sera perçu un droit d’entrée dont le maximum est fixé à 1 franc. « Le produit de cette redevance constituera une ressource des musées nationaux et sera employé conformément à l’article 55 de la loi du 16 avril 1895. Les frais de perception sont à la charge de la Caisse des musées.

« Un règlement d’administration publique déterminera les mesures nécessaires à l’exécution du présent article. »

M. Paschal Grousset s’éleva avec vivacité contre l’amendement de MM. Denêcheau et Plichon. Nous citerons les points essentiels de ce débat, parce qu’il nous paraît résumer exactement la question du droit d’entrée. C’est dans la séance du 15 février 1897 que fut discuté l’article 54 de la loi de finances. M. Paschal Grousset commença en déclarant qu’un grand nombre de membres de la Chambre considéraient qu’une pareille mesure « serait un véritable défi aux principes les plus universellement acceptés dans notre République en matière d’éducation publique ; . »

Mais l’intransigeance de M. Paschal Grousset ne fut point telle, même au cours de ce débat, qu’elle l’empêchât de toucher du doigt l’une des plaies de nos musées. Et, insistant sur les « bandes d’étrangers qui envahissent musées et palais nationaux, » il disait :

« Il suffira d’un règlement stipulant que les guides admis à parcourir les musées devront avoir une autorisation spéciale de l’Administration des Beaux-Arts et, au besoin, devront payer une patente, pour empêcher ces désordres de se reproduire ; mais, je le répète, ce n’est pas par le payement d’une entrée qu’on trouvera le remède à cet état de choses. »

  1. Rapport du budget de l’exercice 1897 (Service des Beaux-Arts), par M. Georges Berger, rapporteur, p. 104-105.